Le rêve d'Yves Bonnefoy. Une poétique de la traduction
Institution:
Montpellier 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Since the first translations of Shakespeare, in 1953, the experience of litterary translation is getting stronger significance in Yves Bonnefoy's work. With critical prose - essays, interviews -, specifically devoted to the literary translation's questions, translation comes into the center of this work since two decades. Shakespeares and Keats' translations excepted but also Yeats and Leopardi's ones, the translation, first perceived like a tension, like a peculiar quality of relation to space and to language, punctuates, like an "essential fever", the movements and the rhythms of this writing. Wondering about Yves Bonnefoy's translations in the continuity of his work, this thesis especially looks at one of the essential aspects : in his work, the process of translating is tightly linked to one of the most significant experiences in Yves Bonnefoy's work : the experience of dream. With the same intuition of elsewhere, with the same restlessness, deal both of the two gestures : dreaming and traducing. Moreover the own Bonnefoy's work reveals this implicit link. The interviews, the last essays about traduction attest this link : the experience of translation, the place and the time in which it works, reveal an amazing analogy with this singular spatial category in Bonnefoy's work : "the hinterland". Hesitating within the limits of the here and the elusive "elsewhere" to which the foreign text opens, the process of traducing inscribes these datas in a new space, interstitial. This relation between dream and traduction implies a new look to a lot of aspects on Yves Bonnefoy's poetic work and thought.
Abstract FR:
Depuis les premières traductions de Shakespeare, en 1953, la pratique de la traduction littéraire s'impose avec une insistance de plus en plus grande dans l'œuvre d'Yves Bonnefoy. Accompagné d'une prose critique -des essais, des entretiens - spécifiquement consacrée aux questions de la traduction littéraire, la traduction s'inscrit au centre de cette œuvre depuis les deux dernières décennies. En dehors des traductions effectuées, celle de Shakespeare, de Keats mais celles également de Yeats et de Leopardi, la traduction perçue d'abord comme une tension, comme une qualité particulière de relation à l'espace et au langage, ponctue, telle une "fièvre essentielle", les gestes et les rythmes de cette écriture. Interrogeant les traductions d'Yves Bonnefoy dans la continuité de son œuvre, le présent travail se penche particulièrement sur l'un de ses aspects essentiels : l'acte de traduire y est indissociablement lié à une expérience dont on retient la place centrale dans l'œuvre d'Yves Bonnefoy, celle du rêve. A la même intuition de l'ailleurs, à la même inquiétude répondent les deux gestes, celui du rêver et celui du traduire. Du reste l'œuvre même de Bonnefoy trahit ce lein implicite. Les entretiens, les essais récents sur la traduction, attestent ce lein : l'expérience de la traduction le lieu et le temps dans lesquels elle œuvre, révèlent une surprenante analogie avec cette catégorie spatiale singulière dans l'œuvre d'Yves Bonnefoy qu'est l'"arrière-pays". Hésitant aux confins de l'ici et de l'insaisissable ailleurs auquel ouvre le texte étranger, l'acte de la traduction réinscrit ces données dans un espace nouveau, interstitiel. C'est à l'hésitation permanente entre les deux rives, entre l'absolu et la finitude, entre l'éternité et l'instant que se voue, et de façon de plus en plus résolue, l'arrière-pays du rêve dans l'œuvre d'Yves Bonnefoy. Cette relation entre le rêve et la traduction implique un regard nouveau sur bien des aspects de l'œuvre et de la pensée poétiques d'Yves Bonnefoy.