thesis

Les Deux Livres de l'ethnographe : l'éthnologie française au XXe siècle: entre science et littérature

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This study reviews the history of the relationship between literature and the social sciences in France during the 20th century from the vantage point of a particular discipline, ethnology. It is a striking fact that several members of the first generation of ethnographers published two books, one “literary”, one “scientific”. The most famous cases are those of Michel Leiris, author of L’Afrique fantôme (1934) and of La Langue secrète des Dogons de Sanga (1938), and Claude Lévi-Strauss, who wrote both La Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara (1948) and Tristes tropiques (1955). There is further proof of this inter-disciplinary confrontation between science and literature in the work of Alfred Métraux, Marcel Griaule, and Jacques Soustelle, among others. The first part of this study considers the foundation of the ethnology; a second part locates the discipline in the context of travel-writing in the twentieth century. The central part of the thesis is then devoted to an historical and epistemological investigation which interprets the emergence of the social sciences in terms of a final prolongation of the crisis of “Belles-Lettres”, the crisis which began at the turn of the nineteenth century (during the years in which the opposition between science and literature began to crystallise). What is at stake here is a complex process whereby "the artist was dispossesed by the scientist" (Lanson), whereby the social sciences came to adapt the knowledge of man hitherto reserved to literature and so dissolve the ties between literature and anthropology that had formerly been sustained by rhetoric. A fourth and final part of the thesis qualifies this pessimistic assessment by analysing in more detail the modes of articulation that, in practice, may relate literary writing and scientific speech.

Abstract FR:

Ce travail s’attache à retracer l’histoire des rapports entre la littérature et les sciences de l’homme en France au cours du XXe siècle, à partir d’une discipline particulière, l’ethnologie, et d’un phénomène singulier : la publication, par nombre d’ethnographes de la première génération, de deux ouvrages, l’un « scientifique », l’autre « littéraire ». Les cas les plus célèbres sont ceux de Michel Leiris qui écrit, d’une part, L’Afrique fantôme (1934) et, d’autre part, La Langue secrète des Dogons de Sanga (1938), et de Claude Lévi-Strauss qui, d’un côté, publie La Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara (1948) et, de l’autre, Tristes tropiques (1955). Ce ne sont cependant pas les seuls ; on trouve aussi ce « face-à-face » entre science et littérature chez Alfred Métraux, Marcel Griaule, Jacques Soustelle, etc. Après un premier moment qui envisage la fondation de l’ethnologie, et un second qui situe la discipline dans le contexte du genre voyage au XXe siècle, la partie centrale de la thèse est consacrée à une à la fois enquête historique et épistémologique qui lit l’émergence des sciences de l’homme comme le dernier prolongement de la crise des Belles-Lettres, entamée à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, moment à partir duquel s’est instituée l’opposition entre science et littérature. Elle relate et analyse un processus complexe de « dépossession de l’artiste par le savant », selon une formule de Lanson, par lequel les sciences humaines s’approprient un domaine jusque là réservé à la littérature – la connaissance de l’homme – et achèvent de défaire la solidarité entre littérature et anthropologie autrefois assurée par la rhétorique. La quatrième partie nuance ce constat pessimiste en détaillant, à partir des œuvres de Leiris et Lévi-Strauss, l’articulation qui, ponctuellement, peut lier une pratique littéraire et un discours scientifique.