Fidéisme et rationalisme : Pascal et ses contemporains
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Abstract EN:
If we define religion as the whole of the relationships between God and man we find two trends : one - the theocentric one- stresses the part played by grace, God reveals himself ; the other - the anthropocentric one - stresses man's activity, man turns himself to god. Sometimes, these two trends complement each other harmoniously, often, they violently clash. It was so during the fourth and fifth centuries in the christological and trinitarian disputes, and again, in the battles between advocates and opponents, about the doctrine of salvation through faith only. Pascal's contemporaries knew this tension. Defenders and adversaries of religion were fighting in the name of reason, but both sides often used irrational arguments. In philosophy, scolasticism and cartesianism imposed rationalism, however, one must not forget a powerful platonical trend, nor Gassendi's epicurean sensualism. For their spiritual life, some people followed the voluntaristic precepts of ignatian piety, but the french school of spirituality preached man's total submission to god. Pascal felt this contradiction within himself. His scientific pursuits prompted him to trust reason, his augustinian pessimism to distrust it. His case is exemplary : it does not relate to the field of religion only. The question is to know whether, in every branch of knowledge, reason, left to its sole powers can bring certainty. Must we not turn to another faculty that Pascal calls "the heart"? He did not define it, he left it to us to discover its part - important in the profane sciences, very active in the act of faith. It may even lead to mystical knowledge.
Abstract FR:
Si l'on définit la religion comme l'ensemble des relations entre Dieu et l'homme, il existe deux courants : l'un, théocentrique met l'accent sur le rôle de la grâce, Dieu se révèle. L'autre, anthropocentrique, insiste sur l'activité humaine, l'homme s'oriente vers Dieu. Parfois ces deux courants se complètent harmonieusement, souvent ils se heurtent violemment : ainsi, aux quatrième et cinquième siècles, dans les disputes christologiques et trinitaires. Ainsi encore, à la Réforme, dans les luttes entre partisans et ennemis de la doctrine du salut par la foi seule. Les contemporains de Pascal ont connu cette tension. Défenseurs et adversaires de la religion se combattent au nom de la raison, mais les deux camps utilisent souvent des arguments irrationnels. En philosophie, scolastique et cartésianisme ont imposé le rationalisme; cependant, il ne faut oublier ni un puissant courant platonicien, ni le sensualisme épicurien de Gassendi. Pour leur vie spirituelle, certains suivent les préceptes volontaristes de la pitié ignacienne, mais l'école française de spiritualité prêche la soumission totale de l'homme à Dieu. Pascal a ressenti en lui-même cette contradiction. Son activité scientifique l'incite à faire pleine confiance dans la raison, son pessimisme augustinien à en douter. Son cas est exemplaire: il ne concerne pas seulement le domaine religieux. Il s'agit de savoir si, dans toutes les branches de la connaissance, la raison, laissée à ses seules forces, peut procurer la certitude. Ne devons-nous pas nous tourner vers une autre faculté que Pascal appelle, le cœur? Il ne l'a pas définie. Il nous laisse le soin de découvrir son rôle, important dans les sciences profanes, très actif dans l'acte de foi. Il peut même conduire à la connaissance mystique.