Abstract FR:

Avec son dernier roman,Terrains à vendre au bord de la mer,publié en 1906,Henry Céard produit une oeuvre résolument moderne,qui s'éloigne de la vision naturaliste de ses précédents écrits. Le néant n'est plus ici exprimé,comme dans Une belle journée par une sorte d'équivalent littéraire-"la non-histoire"- mais au contraire par la densité et la multitude des peintures,des sons,des couleurs et des parcours individuels. Ce n'est plus le silence mais le bruit,le vide mais le plein,qui révèlent l'impuissance de l'homme à imposer ses désirs et ses idéaux à une réalité toujours rebelle. Les lois qui régissent ce monde singulier sont plus humaines que morales,plus naturelles que logiques. La limite entre le dérisoire et le magnifique semble inexistante. Tout se mêle,s'oppose et se confond dans ce roman qui,véritable idéal wagnérien,est la synthèse de tous les arts. Du roman expérimental,nous passons au roman-expérience qui ouvre l'oeuvre littéraire à l'insondable vérité de l'être,et la livre aux incertitudes et aux interrogations. Terrains à vendre apparaît comme la concrétisation romanesque d'une réflexion sur la capacité des idéaux-qu'ils se traduisent en termes artistiques ou scientifiques-à éduquer et élever l'individu,ainsi qu'à rendre aux hommes cette conscience douloureuse-mais au moins vraie-du caractère fragile et passager de l'existence qu'ils tentent de fuir dans le jeu des illusions. Terrains à vendre est en quelque sorte un roman philosophique.