thesis

La vertu des passions : esthétique et morale de la tragédie lyrique (1673-1733)

Defense date:

Jan. 1, 1996

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This thesis re-places lyrical tragedy within the framework of the history of ideas in order to study the arrival of a "modern" concept of morality which challenges the primacy of heroism and the values of the upper echelons of society, and which bases the idea of individual virtue on natural sensibility, with particular reference to the battle between the ancients and the moderns, this study posits the hypothesis that the moderns, using the lyrical tragedy as their testing ground, applied to the laws governing the "beautiful" their ideas on the stability or instability of the laws of nature, and attempted to rethink the solidarity of the arts after the model of the solidarity of the sciences. Lyrical tragedy, a composite genre as well as being a performing art, brings about a change of viewpoint leading to a division between moral and aesthetic judgement. It naturalizes the supernatural and, by substituting the problem of evil by the representation of the misfortunes of ordinary sensitive individuals moved by gentle passions, it advances the aesthetics of what is touching, thus promoting a morality of tenderness which may be seen in subsequent literature. The birth of a new society engendered the birth of an aesthetically new genre: conversely, the aesthetic forms peculiar to the genre made the lineaments of this modern morality clearer. Bringing to the forefront feminine values when society promotes women to universalist values, lyrical tragedy, often criticized as being artificial and verbose, highlights a new version what is true, natural and simple. Pure classical values are fully assumed: by giving voice to the heart's truth which expresses the state of the soul, more than it describes the actions of the individual, lyrical tragedy evokes the ideal simple sublime which is more touching than admirable.

Abstract FR:

Cette thèse réintègre la tragédie lyrique dans le cours de l'histoire des idées pour étudier l'apparition d'une morale "moderne" qui conteste le primat de l'héroïsme et des valeurs sociales mondaines et qui fonde sur la sensibilité nature l'idée d'une vertu privée. S'appuyant sur les débats d'idées de la querelle des anciens et des modernes, l'étude fait l'hypothèse que, prenant la tragédie lyrique pour champ d'expérience, les modernes étendirent aux lois qui régissent le beau leurs réflexions sur la stabilité ou l'instabilité des lois de la nature, et tachèrent de penser la solidarité dès le modèle de la solidarité des sciences. La tragédie lyrique, genre mixte et art d'exécution, entraine un changement de point de vue qui conduit à disjoindre le jugement moral et le jugement esthétique. Elle naturalise le surnaturel et, en substituant au problème du mal la représentation du malheur d'individus moyens, sensibles, agites de passions douces, promeut une esthétique du touchant mise au service d'une morale tendre, visible dans la littérature postérieure. La naissance d'une nouvelle société a rendu possible la naissance d'un genre esthétiquement nouveau ; inversement les formes esthétiques propres à ce genre ont rendu visibles les linéaments de cette morale moderne. Assurant la promotion des valeurs féminines quand la société promeut les femmes à des valeurs universalistes, la tragédie lyrique, réputée artificielle et verbeuse, donne le primat à une nouvelle version de la vérité, du naturel et du simple. Les valeurs classiques épurées se trouvent réellement assumées : en donnant la parole à la vérité du cœur qui dit l'état de l'âme plus qu'elle ne décrit les actions de l'être, la tragédie lyrique fait sentir l'idéal d'un sublime simple, moins admirable que touchant.