La mort classique : pour une poétique du récit de mort dans la littérature en prose de la seconde moitié du XVIIe siècle
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The aim of this thesis is to study the way of writing death in the elite of the second part of the seventeenth century. Two types of literary testimonies -letters of consolation and narratives of death-have been analyzed. But few exceptions, discourse on death in the letters of consolation is not original: the same themes are developed in every letter; besides, they were already appearing in antic consolations. On the contrary, the narrative of death proved to be a strategic place where are in confrontation the influence of patterns, the writer's tricks and his own sensibility. Thus, the hagiography has seemed to doubly influence the representation of death: on one hand, it explains the constitution of a language of death, in which simple facts became signs of the dead people's godliness; on the other hand, it contributes to explain the permeability of the mentalities to the marvelous facts which arrive at death. But deathbed and public execution are also related through theatric and pictorial forms which are characteristic of their spectacular nature. Sudden death offers two faces: some consider it as the bad death, others as a desirable issue. This double discourse favored a strategical use of the narrative. Finally, two works have been submitted to a particular light: Mme de Sévigné's letters and Mr. De Pontis' memoirs offer a treatment of death narratives which is original and emblematic of the elite's practice.
Abstract FR:
L'enjeu de ce travail est d'étudier l'écriture de la mort de l’élite socio-culturelle de la seconde moitié du XVIIe siècle. Deux types de témoignages littéraires- les lettres de consolation et les récits de mort-ont été analysés. Il convient d'apposer le traitement qui leur fut réservé. Hormis de rares exceptions, le discours sur la mort, dont la consolation est l'occasion, n'est guère original : les mêmes thèmes sont développés d'une lettre à l'autre ; en outre, ils figuraient déjà dans les consolations héritées de l'antiquité. Au contraire, le récit de mort s'est avéré constituer un lieu stratégique où s'affrontent la pression des modelés, les rues de l'auteur et sa sensibilité personnelle. L'hagiographie nous a ainsi paru influencer doublement la représentation de la mort : elle est responsable d'une part de la constitution d'un langage du récit de mort, ou des simples faits sont devenus des signes de la sainteté du défunt; elle contribue d'autre part à rendre compte de la perméabilité des esprits au merveilleux qui surgit autour de la mort. Mais la mort au lit et l'exécution publique ont également élu pour se dire des formes caractéristiques de leur nature spectaculaire comme le théâtre et la peinture. Quant à la mort subite, elle offre deux visages, étant pour les uns la male mort par excellence, pour les autres une issue heureuse et même souhaitable : ce double-discours a favorisé une utilisation stratégique du récit de mort. Deux œuvres pour finir ont été soumises à un éclairage particulier : la correspondance de Mme de Sévigné et les mémoires de M. De Pontis offrent du récit de mort un traitement à la fois original et emblématique de ce que fut la pratique de l’élite pendant cette période.