Imaginaire et écriture de l’énergie dans l’œuvre de Stendhal : "la Révolution entre dans la littérature"
Institution:
Université Stendhal (Grenoble)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
A founding notion and a key-word for the first-generation Romantic writers, the term "energy" is particularly meaningful in Stendhal’s writings since it underpins his ideas about human nature and history, as well as his conception of art and fine arts, his approach to ethics and politics, and also his own philosophy. Our study brings out the prominent features and underlying meaning of Stendhal’s conception of energy, which was deeply rooted in his own experience of the French Revolutions (both in 1789 and 1830). The Stendhalian representations of energy are firstly put in their historical context and described with reference to the scientific studies and anthropological theories of the first decades of the XIXth century. The second part of the thesis then deals with the political stakes of the Jacobin and counter-revolutionary meanings of the term "energy" during the same period. It also tackles the problem of energetic decline in our modern, refined and polished civilization. The third part focuses on Stendhal’s Romanticist aesthetics and poetics of energy, which were precisely meant to lessen the moral impact of such energetic decay, thus underlining how his energetic style helped him fulfil his ambition to revolutionize literature and arts.
Abstract FR:
Valeur fondatrice du premier Romantisme, l’énergie constitue une notion centrale chez Stendhal. Innervant sa perception de l’homme comme sa vision de l’histoire et de la politique, sa "morale" comme sa conception de l’art, elle constitue le point nodal de son système d’idées et de son esthétique. L’intérêt de cette enquête est de présenter les trois dimensions, physiologique, sociopolitique et rhétorique de la notion d’énergie pour en manifester la cohérence profonde dans l’œuvre de Stendhal. L’énergie y apparaît comme le noyau dur d’une configuration complexe d’idées, d’images et de mythes structurants, alimentée par l’expérience fondatrice de la Révolution. La première partie réinscrit la conception et les représentations stendhaliennes de l’énergie dans le discours anthropologique du tournant des Lumières. L’effervescence intellectuelle qui se développe sous la Révolution et l’Empire dans les domaines scientifiques n’est pas sans avoir influencé le système d’idées de Beyle et sa théorie de l’énergie : ces modèles nourrissent l’imaginaire de l’essayiste et du romancier. La deuxième partie s’intéresse à l’idéologie et aux entours fantasmatiques de l’énergie révolutionnaire dans le premier tiers du XIXe siècle. En jetant un nouvel éclairage sur la philosophie de l’histoire propre à Stendhal, elle souligne parallèlement l’efficacia de son écriture. Développant cette intuition d’une énergétique du style, enjeu majeur de la révolution "romanticiste" de la littérature à laquelle Stendhal aspire, la dernière partie présente quelques-unes des modalités les plus remarquables de sa poétique de l’énergie.