Liaison et liaisons dans les lettres de Diderot à Sophie Volland (1759-1774)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study of the correspondence between Diderot and Sophie Holland considers both the historical and literary perspectives of the eighteenth century and the clarification given by modern text analysis. The first part of the study deals with an appreciation of the art of conversation. It is based upon the stylistic and epistolary usages of the times as well as elements of cohesion. The conclusions force a re-appraisal of the long standing reputation for "disjointedness" attributed to the style of Diderot, and underline the mechanism by which these historical beings are metamorphosed into characters. The second part concerns the crystallization of Sophie into a metaphor of the "new woman", solidly epitomizing the myth of virtuous love. The neo-platonic dimension within this literary passion opens up the questions about the "indiscernable materialism" of Diderot. The third and final part establishes the taxonomy of the letters. These range from love letters to narrations. The "letters to Sophie Volland" reveal therefore a certain polymorphism which might be characterized as a "self re-producing style”.
Abstract FR:
Cette étude de la correspondance de Diderot avec Louise-Henriette Volland, dite "Sophie", combine la mise en perspective dans l'histoire littéraire du dix-huitième siècle et les apports récents de la linguistique et de la critique textuelle. La première partie est consacrée à l'art de la conversation. Elle se fonde sur les normes stylistiques et épistolaires alors en vigueur, ainsi que sur les éléments de cohésion (connecteurs dialogiques, coordination, etc. ). Ses conclusions obligent à remettre en question la réputation de décousu qui colle au style de Diderot, et à souligner la métamorphose des personnes historiques en personnages littéraires, dans et par l'échange épistolaire. La deuxième partie envisage la figure de Sophie, incarnation d'un nouveau type de femme, et partie prenante du mythe de l'amour vertueux qui parcourt le siècle. Le néo-platonisme à l'œuvre dans cette passion littéraire force ainsi à s'interroger sur le "matérialisme introuvable" de Diderot. La troisième et dernière partie propose une taxinomie, des lettres d'amour (hymnes, élégies, idylles), analysées en terme de prose poétique, aux récits (journal, gazette, conte, roman). Les "Lettres à Sophie" révèlent donc une écriture polymorphe, que nous nous proposons de baptiser "style polype.