Ovide en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The present PhD deals with the reception of Ovid's works in the second half of the seventeenth century. The emphasis is laid on the transition from a humanist and learned interpretation, favouring Ovid's motifs, to a critical interpretation, taking into account the poet's aesthetic sense. The gradually emerging awareness of Ovidian poetics found its expression in a new editorial status, which left aside the former pre-eminence given to the Metamorphoses and embraced Ovid's whole works, with a particular emphasis on his amorous poetry. The traditional allegorical reading of Ovid's works was progressively superseded by an assessment involving taste, with a major interest in Ovid's expression of passions. He was thus considered a gallant poet, taken as a model by modern gallantry. Indeed, poets belonging to minor gallant genres drew their inspiration from Ovid's erotic works; Benserade sought to instil a gallant form into the fable genre when he wrote his collection of poems Métamorphoses en rondeaux; finally La Fontaine appropriated the Ovidian aesthetics through copying the poet's style, more than borrowing a set of motifs. The interest displayed for Ovid's passionate lines also sparked off the rebirth of elegy, at the same time as it soon bent it towards lamentation. This new Heroïde-influenced elegiacs then crossed genre boundaries and laid the poetic basis of amorous epistles written in prose, on the pattern of the Lettres portugaises. They also were the basis for the pathetic ingredient of tragedy as conceived by Racine. The gallant and elegiac Ovidian poetics thus followed the many aesthetic variations of tender feelings in the seventeenth century.
Abstract FR:
Cette étude de la réception d'Ovide en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle veut mettre en lumière le passage d'une lecture humaniste et savante, qui privilégie la matière ovidienne, à une lecture critique qui considère davantage la manière du poète. La progressive émergence d'une poétique ovidienne se traduit par une situation éditoriale nouvelle, qui ne consacre plus la prééminence des Métamorphoses mais prend en compte l'ensemble de l'œuvre ovidienne, et en particulier les œuvres amoureuses. La lecture allégorique traditionnelle fait peu à peu place à un jugement de goût, qui apprécie principalement chez Ovide l'expression des passions. Aussi le poète devient-il un poète galant, que l'esthétique galante moderne prend pour modèle. Les petits genres galants se nourrissent en effet de l'esprit des livres érotiques ; Benserade cherche à donner une forme galante à la fable en composant un recueil de Métamorphoses en rondeaux ; et La Fontaine fait sienne une esthétique ovidienne, qui s'approprie le ton du poète plus qu'elle n'imite un ensemble de motifs. L'intérêt pour le discours passionné d'Ovide fait par ailleurs renaître le genre de l'élégie et l'infléchit bientôt vers la déploration. Cette esthétique élégiaque nourrie des Héroïdes dépasse alors les frontières génériques et devient le fondement poétique de l'épître amoureuse en prose, sur le modèle des Lettres portugaises. Elle fonde également le pathétique de la tragédie, telle que Racine la conçoit. La poétique ovidienne, galante et élégiaque, obéit ainsi aux diverses modulations esthétiques du tendre au XVIIe siècle.