Franz Kafka, le silence et la musique
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
We considered Kafka’s work like the imaginary space opened by the baroque theater, with scenes forming a labyrinth. In this space appears the quest of the music. In the beginning was the music. . . Josefine the singer or the mice people and The researches of a dog, two short stories written at the end of Kafka's life, tell us about the music at the origin of the group and of the individual. Music was living in the past of the mice people and resonates during the hallucination experienced by the dog in his childhood. The music seems for us to represent firstly the mystic, a mythical moment which comes before the founding of religions by the word of god and his written transcription, according to Gershom Scholem in the messianic idea in Judaism. The word of god is far away ; Kafka's heros, Gregor in the metamorphosis, Ulysses and the voiceless sirens of the silence of the sirens, the dog people in the researches of a dog are silent. But silence is not for us Kafka’s last word. Josefine the singer allowed herself to speak. Her voice is sprechgesang, a trace of music in the silence. We linked it to the dog's searches of the revealed music in the inaugural scene. Thanks to the fasting, the mystical sound came back. We interpreted the quest like the track of writing. Writing rises from the cry of the tortured bodies in the penitentiary colony. They are the texts where the condemnations are inscribed. Josefine's voice, Kafka’s writing, emerges from the silence, indicating the place of the music beyond language and beyond silence. Silence and music are tied indeed by a paradox. We must learn to read in Kafka’s work the silence in the heart of the music and the place of the music in the heart of the silence.
Abstract FR:
On a considéré l'œuvre comme un espace imaginaire proche de celui que déploie le théâtre baroque, avec des scènes formant labyrinthe. Dans cet espace se représente une quête de la musique à travers le silence. Au commencement était la musique. . . Les nouvelles Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris et Les recherches d'un chien, écrites à la fin de la vie de Kafka, nous parlent de la musique à l'origine du groupe et de l'individu. Elle a existé dans le passé du peuple des souris et elle est au cœur d'une expérience hallucinatoire survenue dans l'enfance du jeune chien. La musique nous parait tout d'abord designer la mystique, moment mythique qui selon Gershom Scholem dans les grands courants de la mystique juive, a précédé les religions instituées par la parole divine et son écriture, la loi. La musique est perdue, la parole divine s'est éloignée, les héros kafkaïens, Grégoire dans la métamorphose, Ulysse et les sirènes aphones du silence des sirènes, le peuple des chiens, tous se taisent. Le silence ne nous parait pas être cependant le dernier mot de l'écrivain. Joséphine la cantatrice s'est autorisée à parler. Sa voix est un sprechgesang, trace de musique sur fond de silence. Nous l'avons liée aux recherches du chien, en quête de la musique révélée lors de la scène inaugurale. Le jeune lui permettra de retrouver le son mystique. Nous avons interprété cette quête comme celle où l'écriture se trace. Elle nait du "cri" du corps torture et qui meurt. Leur condamnation s'inscrit sur le corps des supplicies de la colonie pénitentiaire. La voix de Joséphine, qui est l'écriture même de Kafka émerge du silence. Elle indique la place de la musique au-delà du langage et au-delà du silence. Car le silence et la musique sont lies par un paradoxe essentiel pour la compréhension de l'œuvre. Il faut savoir lire au cœur de la musique le silence qui y a laissé sa trace et au cœur du silence la place de la musique.