Abstract FR:

Bien que très peu étudiés aujourd'hui, l'itinéraire et l'oeuvre de Romain Rolland présentent un intérêt particulier dès lors qu'on les considère sous l'angle du rapport à l'histoire. En effet, les écrits de l'auteur ont apporté un éclairage sur son siècle, en conjuguant une vision exigeante et lucide des événements majeurs de son temps avec un art de l'engagement, dont il réinventa les modalités. Que ce soit à la lumière nouvelle des conflits mondiaux ou à celle de l'internationalisme, l'auteur de "Jean-Christophe" s'est toujours positionné avec nuance et conviction, sans jamais perdre des yeux l'élaboration d'une œuvre riche où émerge une nouvelle perspective tragique, s'appuyant sur les philosophes contemporains tels que Schopenhauer et Nietzsche, catalyseurs des perspectives multiples de l'auteur sur son époque. Le rôle de l'intellectuel engagé, adopté pendant l’affaire Dreyfus, trouve un prolongement dans ses pièces de theâtre, dès 1900, avec son recueil "Au-dessus de la mêlée", plaidoyer pour une conscience de l'Europe et pour "l'indépendance de l'esprit", il se trouve relativement isolé parmi ses pairs : dès lors "l'universalisme de l'esprit" devient son nouveau credo. Une dimension internationale se fait jour dans sa pensée à travers son intérêt pour la spiritualité indienne ou encore ses engagements contre le fascisme et l'hitlerisme. Parallèlement à son itinéraire idéologique, se dessine un parcours esthétique, marqué par le développement d'une vision plus positive du tragique, fondée sur une conception univoque du monde, faite de continuités et de ruptures qui permettent au tragique de devenir libérateur par le détachement du réel qu'il engendre.