Les contes de Maupassant ou les morceaux du "je"
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Maupassant doesn't believe in the harmonious cohesion of the whole. Therefore, in his tales, he tries to describe the explosion of each composed structure, and, first of all, the shattering of the individual identity into a multitude of autonomous fragments. In the tales, the dividing up of the human being applies to the external aspect (the body) as well as to the inner self (thought). Deprived of control over his organism by an obscure force that dominates him, the human being watches, powerless, as his corporal machine races out of control. He can no longer master his movements. Torn between his consciousness that remains clear and his acts that seem no longer to belong to him, the individual observes the mechanization and the reification of his body. The "human thing" is a simple puppet emptied of all its substance, or vulgar goods intended to be sold or bought on the market of a new economic slave system. As for the inner division of the individual, it expresses itself mainly in dual personalities. But the Horla, is not the only illustration of the double. Maupassant uses the unit of the couple to represent this unbearable dichotomy. Faced with the animal bestiality, confronted with feminine otherness, with his likeness to his child, his father or brother, in front of the foreign image reflected in the mirror, the individual, divided into two incompatible egos, questions his identity. The duality of the person leads to an irreversible deprivation of the ego. The only way out lies in death, whether it be exteriorized in a criminal act, interiorized by retreat into madness, actualized by a suicidal act, or represented by images of disappearance. The pessimist vision of the author concerning this fragmented being destined to be destroyed appears in a number of stories. It illustrates the singularity of a world pervaded by the fragments of an inner fantastic unique to Maupassant.
Abstract FR:
Maupassant ne croit pas à la cohésion harmonieuse du tout. Aussi, dans ses contes s'efforce-t-il de décrire l'explosion de chaque structure constituée, et, en premier lieu l'éclatement de l'identité individuelle en une multitude de fragments autonomes. Dans les contes, le morcellement de la personne humaine s'opère autant sur l'apparence extérieure (le corps) que sur l'être intérieur (la pensée). Dépossédé du fonctionnement de son organisme par une force obscure qui le domine, l'être humain assiste, impuissant, à l'emballement de sa machine corporelle. Il ne maitrise plus ses gestes. Écartelé entre sa conscience demeurée lucide et des actes qui semblent ne plus lui appartenir, l'individu observe la mécanisation et la réification de son corps. La "chose humaine" est simple marionnette vidée de toute substance, ou vulgaire marchandise destinée à être vendue et achetée sur le marché d'un nouvel esclavagisme économique. Quant au morcellement intérieur de l'individu, il s'exprime principalement dans les dédoublements. Mais le Horla n'est pas l'unique illustration du double. Maupassant utilise la cellule du couple pour figurer cette insupportable dichotomie. Face à la bestialité de l'animal, confronté à l'altérité féminine, à la ressemblance avec son enfant, son père ou son frère, devant l'image étrangère que le miroir lui renvoie, l'individu scindé en deux "moi" incompatibles s'interroge sur son identité. Car le dédoublement de l'être entraine une dépossession du moi irréversible. La seule échappatoire réside dans la mort, qu'elle soit extériorisée par l'acte criminel, intériorisé par le repli dans la folie, actualisée par le geste suicidaire, ou figurée par des images de disparition. La vision pessimiste de l'auteur sur cet être morcelé voué à l'anéantissement apparait dans un grand nombre de récits. Elle illustre la singularité d'un univers envahi par les éclats d'un fantastique intérieur propre à Maupassant.