thesis

L' esthétique de la suspension

Defense date:

Jan. 1, 2009

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Institution:

Bordeaux 3

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Suspension is meant as subversion, aloofness of Samuel Beckett vis à vis stylistic techniques inherited from the realistic novels. The aesthetics of suspension revises and changes norms, generic meanings of language. Moreover, the 1969 Nobel Prize for literature addresses in a singular and masterful way the question of the failure of words. With Beckett, language which was viewed as vector of communication becomes suddenly inaudible, that is its function of meaning is suspended, thus questioning the cognitive value of words, their coherence and their cohesion. All these elements of meaning are abruptly dismissed from the standard language. The sentence is sometimes long, unfinished, made from subordinates without a main clause. The character is not easily discernible any more. Voluble, he/she, however, becomes an extraordinary complexity as one tries to understand her/him. If she/he has to speak, it is with a neutral and toneless voice. Through these elements which affect the narrative mode, the novel disintegrates, closes on itself. Soundless in narratives, narration has simply become humming, murmur. The suspension is to be seen as an epistemological infringement, a syntactic break which testifies a subversion of language, even a shift of meaning. The Beckettian project brings emancipation to the character. Its advent goes through the overtaking and the killing of the spheres of knowledge. Beckett’s modern style highlights the defeat and the wavering of great narratives about the legitimisation of truth and the sacred.

Abstract FR:

La suspension se veut comme un écart, une prise de distance de Samuel Beckettvis à vis des accents et procédés stylistiques hérités des romans réalistes. L’esthétique de la suspension retravaille et déplace les normes, les frontières génériques du langage. Plus, le Nobel de Littérature 1969 pointe de façon singulière et magistrale la question de l’échec des mots. Avec Beckett, le langage qui était pressenti comme vecteur de la communication devient soudainement inaudible, c’est-à-dire que sa fonction de signification se trouve suspendue,mettant en doute la valeur cognitive des mots, leur cohérence et leur cohésion. Tous ces éléments de signification se trouvent violemment écartés du discours. Parfois la phrase est longue, inachevée, faite de subordonnées sans principale. Le personnage n’est plus facilement repérable. Loquace, il atteint cependant une extraordinaire complexité au fur et à mesure qu’on tente de le cerner. S’il doit parler, il ne parle plus que d’une voix neutre, blanche. A travers ces éléments qui touchent à la nature de la narration, c’est le roman qui se délite et se clôt sur lui-même. La narration qui sourd dans les récits n’est plus que bourdonnement, murmure. La suspension se conçoit donc comme une césure épistémologique, une rupture syntaxique qui témoigne d’une révolution du langage, voire d’un basculement du sens. Le projet beckettien est à ce titre porteur d’émancipation du sujet. Son avènement passe par le dépassement et la mise à mort des sphères du savoir. L’écriture moderne de Beckett fait le constat de l’échec, du vacillement des grands récits de légitimation de la vérité et du sacré