«Il lui semblait entendre. . . » : Flaubert et le spectre du musical
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Abstract EN:
The works of Flaubert make the music lover strain his ears toward three ghostly apparitions of music. First of all, their musical adaptations are both relatively unknown and suspicious: Madame Bovary has been made into sentimental songs or forgotten operas, whereas Herodias has inspired countless composers without letting us precisely ascertain the influence of Flaubert’s tale. Then, critical reception emphasizes a kind of musicality: the attention to style and the “gueuloir” process seem to lead to a music of sentences and words. On another scale, the agricultural fair “symphony” or the dream of a “book about nothing” make us attribute to Flaubert musical intentions. But having read those, we wonder about the effect of the musical model and the legitimacy of such appearances of music emanating from Flaubert, who wasn’t a music lover. Finally, the author represents music in his fictions. Nevertheless, with a parodic tone, he depicts the failures of music: while dilettante bourgeois are starting to love music, goods musicians are missing. Strangely, listeners, readers and characters find themselves in a rather similar position: without any musical works or even sounds to listen to, imaginary music haunts their mind. Those three corpora – musical, critic, and literary – invite us to go through the range of the spectrum of music, understood as the whole problematical appearances of music.
Abstract FR:
Les œuvres de Flaubert forcent un lecteur mélomane à tendre l’oreille vers trois apparitions fantomatiques de la musique. D’abord, leurs mises en musique sont à la fois méconnues et suspectes : de Madame Bovary on a fait des opéras oubliés ou des chansons à l’eau-de-rose, tandis qu’Hérodias a inspiré d’innombrables compositeurs savants sans qu’on puisse toutefois déterminer avec précision l’influence du conte de Flaubert. Ensuite, la réception critique de ses œuvres met en avant une forme de musicalité : le travail du style, l’épreuve du gueuloir aboutiraient à une musique flaubertienne des phrases ou des mots. A une autre échelle, la « symphonie » des Comices ou le rêve du « livre sur rien » poussent à prêter à Flaubert des intentions musicales. Mais face à de telles lectures on s’interroge sur la pertinence du modèle musical et sur le bienfondé de ces apparitions de la musique auprès d’un auteur peu mélomane. Flaubert, enfin, n’a pas manqué de représenter la musique dans ses fictions. Néanmoins, ce qui se manifeste le plus clairement, c’est une mise en scène souvent parodique des échecs de la musique : alors qu’une vogue de mélomanie s’empare des bourgeois amateurs, les bons musiciens manquent à l’appel. Curieusement, l’auditeur des mises en musique, le lecteur et le personnage se retrouvent dans une même situation : à défaut d’entendre distinctement des œuvres ou même des sons, des musiques de plus en plus imaginaires finissent par hanter leur esprit. Ces trois corpus – musical, critique et littéraire – invitent ainsi à parcourir l’étendue du spectre du musical, entendu comme l’ensemble des manifestations problématiques de la musique.