Abstract FR:

La rhétorique de la boutique obscure a déterminé la majorité des critiques à voir dans la rédaction des rêves de Georges Perec seulement un exercice de style, en ignorant leur portée psychanalytique. Nous avons relevé le défi, en déplaçant l'accent de leur esthétique à leur signification, révélée suite au télescopage entre psychanalyse, littérature et biographie. Cette recherche vise l'analyse sémantique, thématique, et symbolique des rêves perecquiens, sans pour autant éluder leur analyse sémantique, thématique et stylistique. Dans ce but, nous sommes partie de l'assertion de Perec « Je n'ai pas de souvenirs d'enfance ». Nous lui avons opposé le postulat freudien marquant l'importance de l'interprétation onirique dans la compréhension de l'inconscient. Après la disparition de ses parents, Perec subit une perte identitaire, accentuée par l'absence des souvenirs infantiles. En archivant les thèmes récurrents dans son onirisme -le judaïsme, la guerre, la Shoah, les objets, les espaces, les jeux et l'écriture -la figure de la mère s'impose en tant qu'archétype majeur qui les génère. Dans notre méthode de travail, nous appliquons le modèle lacanien des anneaux borroméens -réel-symbolique-imaginaire-ainsi que les réflexions de C. G Jung et de J. B. Pontalis. L'interprétation des rêves notés par Perec révèle certains mystères de son inconscient, en étayant les étapes dans son processusd'individuation. Ses souvenirs d'enfance ne sont dons pas disparus, mais seulement enfouis dans son inconscient. Lancé à la recherche de son identité perdue, Perec se construit, en revanche, une identité multiple, par le biais d'une pléthore de métalangages. Cependant, l'identité qui le définit le plus fidèlement s'avère être celle d'écrivain.