Musset et le sacré : le mal du ciel
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Après le jour nouveau apporté par les Lumières, après les bouleversements de la Révolution, le romantisme se pose avec une douloureuse acuité la question du sacré. Musset n 'échappe pas à cette inquiétude générationnelle et se confronte tantôt avec ironie, tantôt avec angoisse aux questionnements religieux qui agitent son époque. Evidentes dans « Rolla », on ne badine pas avec l'amour, la confession d'un enfant du siècle ou « l'espoir en dieu », ces interrogations traversent toute l'oeuvre qui, jusque dans sa matière même, est imprégnée de sacré. Bien que Musset rejette l'espoir que forment nombre de ses contemporains d'écrire une nouvelle épopée ou un nouvel Evangile, sa prose et ses vers sont parcourus de réminiscences mythiques et bibliques, et portent la trace de ses lectures, de Saint Augustin à Chateaubriand. Néanmoins, cette écriture du sacré reste marquée par la subversion et le doute : Musset éprouve la nostalgie du catholicisme, mais ne parvient pas à adhérer à la croyance que lui impose la religion instituée. Il n'est à ses yeux plus de foi collective possible dans un univers éclaté et soumis à la force corrosive du temps. Aussi recherche-t'il un nouveau sacré, individuel, qui lui rendrait le sentiment d'une communion et suspendrait le passage du temps. S'il érige en valeurs sacrées l'amour et l'art, l'enfance et les larmes, il n'atteint cependant jamais les certitudes rassurantes auxquelles il aspire. La quête d'un sacré personnel s'avère en effet périlleuse, délicate, fragile, et Musset ne la mène jamais que dans un équilibre précaire, qui imprime à l'écriture un mouvement souvent vertigineux. Il souffre du mal du ciel comme d'une fièvre inguérissable.