Variations graphiques en français médiéval (du 13e siècle au 15e siècle) : étude du Roman de Troie et de ses réécritures et comparaisons avec l'écrit documentaire contemporain
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The increase of linguistic studies about writing and writing systems since the 6O's, after the impulse given by Hjelmslev's or Pulgram's works has made it possible to think differently about the history of writing-systems and, especially about the history of the French writing system. This very project was meant to analyse medieval French spellings with those new theoretical tools and especially to point at the spelling variation which seems so caracteristic of this writing-system : to describe how this system works, it is actually necessary to understand how spelling variation works. It is obviously linked to the diversity of the French language which is not a unified language all through Middle Ages : there are different dialects which influence, sometimes deeply, the spelling and the writing-system. Nevertheless, some spelling variations cannot be interpreted as consequences of dialectal differences ; they rather identify with a natural tendancy of medieval French to vary and this was already pointed at by medieval grammarians who considered variation as a caracterestic feature of vernaculars. Most of those speeling variations are not linked to pronunciation differences but do not challenge the phonographic medieval French system : it still works mainly as a phonographic system but sub-systems developp, more autonomous from the pronunciation but sometimes closer to the different language systems (especially to the morphemes). Medieval writing, is a " craft " made by well-read techicians and meant for well-read technicians ; it thus tend to developp its own way, apart from its relation to the pronunciation, contrary to its evolution in a society of general literacy.
Abstract FR:
Le développement important de la linguistique de l'écrit à partir des années 60, dans le prolongement des travaux de Hjelmslev ou de Pulgram, a permis d'envisager selon une perspective nouvelle l'histoire de l'orthographe, en particulier de l'orthographe française. Ce projet entendait étendre ce type d'analyse aux graphies du français médiéval dont le fonctionnement, marqué par une importante variation semble bien différent de celui du français moderne. C'est donc précisément par une étude de ces variations graphiques qu'il est possible d'envisager le fonctionnement du système graphique médiéval. Cette variation est en partie liée aux variations de l'ancien et du moyen français qui n'est pas encore une langue unifiée : ainsi, se développent des pratiques graphiques liées à des particularismes dialectaux qui définissent parfois des scriptae régionales très marquées. Il apparaît pourtant que cette variation dialectale ne peut rendre compte d'un certain nombre de variantes qui semblent davantage relever d'une tendance naturelle, et revendiquée par les grammairiens médiévaux, à la variation et caractériser ainsi un système graphique rétif à l'uniformité et à l'uniformisation. Ces variantes ne sont pas nécessairement étayées par des différences de prononciation mais ne remettent pas pour autant en cause le fonctionnement largement phonographique des graphies françaises médiévales : elles laissent entrevoir le développement de sous-systèmes davantage abstraits de l'oral mais en prise avec le fonctionnement des différents systèmes de la langues (en particulier par le biais du développement de la morphographie). De façon assez caractéristique, l'écrit médiéval, " art " de techniciens lettrés et érudits, à l'usage d'autres techniciens lettrés et érudits, tend à développer une logique propre, différente de celle qu'assume l'écrit dans une société largement alphabétisée, en particulier à s'abstraire de l'oral.