Sujet et langage : contribution à la poétique de Jules laforgue (1860-1887)
Institution:
Clermont-Ferrand 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Entirely placed under the sign of the never-ending quest for originality, and subordinated to the principles of a philosophically and scientifically jointed aesthetics, jules laforgue's poetic work is first and foremost remarkable for its capacity to place the creative subject in the position of a critic in front of the issue of language and henceforth that of expression. Indeed, denying one after the other all the thesis which dogmatically promote clarity of expression and good taste as well as the timeless beautiful, laforgue ventures the hypothesis of an aesthetics in the making which focusses on the absolute need to develop an idiosyncratic speech. Of course, such a position merges with the imperative of modernity launched by the "decadent" generation; but it also comes across the field of the linguistic theory of the 19 th century, which tends to problematise, according to two different axes, the position of the speaking subject within language. Thus laforgue's poetic stance reflects two apparently contradictory positions: on the one hand, the right to total subjectivity and poetic autonomy is claimed, as principles ordering discourse; on the other hand, a large part is devoted to the doctrines, inherited from darwin and prolonged by hartmann, which subordinate the subject to the hegemony of an evolution which transcends him. But those two perspectives merge in the achievement of a poetics which purports to include the accidents of enpiricism as well as the unceasing movement of life. Thereof, individual discourse circumscrites the locus of a rupture and ascribes to speech a radical function which both deconstructs the cliches and conventions of poetic medium and the lifeless structures of language
Abstract FR:
Tout entière placée sous le signe d'une inlassable quête de l'originalité, et affiliée aux principes recteurs d'une esthétique d'inspiration philosophique et scientifique, l'oeuvre poétique de Laforgue vaut avant tout par son aptitude à poser le sujet créateur dans une situation critique par rapport à la question du langage et au problème subséquent de l'expression. En effet, réfutant une à une les thèses qui affirment dogmatiquement le primat de la clarté, du bon goût et du beau temporel, Laforgue avance l'hypothèse d'une esthétique en devenir qui inscrit au centre de ses préoccupations la nécessité d'inventer une langue idiosyncratique. Certes, une telle postulation rejoint l'impératif de modernité de la génération "décadente" mais elle recoupe aussi le champ de la théorie linguistique du 19e, laquelle s'emploie à problématiser, selon 2 axes distincts, la position du sujet parlant dans l'épaisseur de la langue. Aussi, sa démarche poétique reflète-t-elle 2 postures apparemment contradictoires : d'une part est revendiqué le droit à la subjectivité plénière et à l'autonomie poétique, principes ordonnateurs du discours ; d'autre part, un large crédit est accordé aux doctrines, héritières de Darwin et prolongées par Hartmann, qui asservissent le sujet à l'hégémonie d'une évolution qui le transcende et le dépasse. Mais ces 2 perspectives trouvent à se concilier dans l'élaboration d'une poétique qui entend s'enrichir des apports et des accidents de l'empire comme de l'incessant mouvement de la vie. Dès lors, le discours individuel circonscrit le milieu d'une rupture et assigne à la parole une fonction radicale de contestation qui met en péril aussi bien les poncifs et les conventions du langage poétique que les structures inertes de la langue. C'est donc à l'examen des conditions de possibilité d'un style, à une époque donnée, que nous invite l'oeuvre poétique de Laforgue