thesis

Parlons de l'irréel : L’expression de la contrefactualité en français, en espagnol et en italien et par des apprenants hispanophones et italophones de français

Defense date:

Dec. 17, 2013

Edit

Institution:

Aix-Marseille

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

Counterfactual thinking is a universal cognitive process in which reality is compared to an imagined view of what might have been (Kahneman & Tversky 1982). The expression of counterfactuality has been traditionally analyzed from conditional sentences if P (then) Q (Grevisse 1986, Chevalier et al. 1991, Riegel et al. 1994). The present study aims to describe the whole constructions and grammatical devices used when speaking about counterfactual worlds by native-French, Spanish and Italian speakers and by Spanish-speakers learners and Italian learners of French.The study analyzes how 30 Spanish-instructed learners and 30 Italian-instructed learners express counterfactuality in spoken French as an L2 and by what grammatical devices counterfactuality is encoded by one native-French control group, one native Spanish-speakers control group and one native-Italian control group. Guided interviews were conducted in both L2 and L1, in random order. Participants were presented with a story that led to a particular outcome and were asked to provide alternative scenarios that prevented such an outcome to happen (mutation task). The same method was used with the control groups.The more frequent construction in the mutation cores in French is a combination of a past marker and a modal verb (i.e., elle aurait pu choisir toute seule son plat; she could have chosen her own dish). The semantic implications of this type of construction make difficult its acquisition in French L2, since the learner must construct alternative scenarios which denote, in addition, his own subjectivity. The native use of this modalized conditional merges in the most experimented Learners Varieties in terms of immersion and time of studies in French L2.Conditional constructions are not the most frequent way of encoding counterfactuality, neither for the native-French speakers nor for the Spanish and Italian speakers. The non-predominance of the if- clauses to speak about what might have been should hence a delimitation of conditionality as a conceptualization process within irreality.

Abstract FR:

Le raisonnement contrefactuel est un procès cognitif universel par lequel la réalité est comparée avec ce qui aurait pu se passer autrement (Kahneman & Tversky 1982). L'expression de la contrefactualité repose traditionnellement sur l'analyse des constructions conditionnelles si A (alors) B (Grevisse 1986, Chevalier et al. 1964, Riegel et al. 1994). Le but de notre étude est de décrire l’ensemble des constructions et des moyens grammaticaux par lesquels des locuteurs natifs expriment la contrefactualité en français, en espagnol, en italien et en français langue étrangère (FLE).Notre étude est fondée sur des données conversationnelles auprès de deux groupes d'apprenants FLE – trente hispanophones et trente italophones – et de trois groupes de contrôle : français, espagnol et italien. Pour l'enquête, nous avons utilisé comme stimulus un récit présentant une chaîne causale menant à un aboutissement malheureux (Wells & Gavanski 1989). Suite à la lecture du stimulus, nous avons demandé aux participants de proposer plusieurs alternatives afin d’éviter le dénouement malheureux (tâche mutationnelle).Nos résultats mettent en évidence que les noyaux mutationnels produits par le groupe de contrôle français combinent, le plus fréquemment, un marqueur du passé et un verbe modal (i.e., elle aurait pu choisir toute seule son plat). Les implications sémantiques de ce type de construction rendent difficile son acquisition en FLE, puisque l'apprenant doit produire un scenario alternatif lequel signifie sa propre subjectivité. L'emploi natif de ce conditionnel modalisé n'émerge que dans les variétés d'apprenant les plus avancées en termes d'immersion dans le milieu de la langue cible et d'études FLE. Nos résultats montrent que les constructions en si- ne constituent pas le moyen le plus fréquent pour parler de ce qui aurait pu se passer autrement ni en français, ni en espagnol, ni en italien. La non-prééminence des constructions conditionnelles dans l’expression de la contrefactualité devrait amener à une réflexion sur les limites de la conditionnalité en tant que procès de conceptualisation de l’irréel.