thesis

L'exil ou Vers une littérature conçue à l'échelle du monde : Gustaw Herling-Grudziński, Witold Gombrowicz, Czeslaw Milosz

Defense date:

Jan. 1, 2007

Edit

Institution:

Paris, INALCO

Disciplines:

Abstract EN:

Our work is about three polish writers who lived in exile but were able to take advantage of their experience in order to create new forms of writing that embrace our modern condition. Gustaw Herling brings us a diary "written by night" and tries to explore the presence of a "nucleus" deeply rooted in people, which is able to protect them form the power of Evil. Witold Gombrowicz, on the contrary, decided to minimize the political aspect of exile. His literary strategy lies in a play with codes and forms, which tends to safe the child's innocence and creativity. However, his attitude has a political impact: it remains in close connection to "civil disobedience". Czeslaw Milosz, the famous poet and essayist, creates a work preoccupied with philosophical and political issues. We described him on the basis of two aims: as a writer who wanted to enlarge the native realm to the bounds of the entire world and as a master of the reunion of the opposites (coincidentia oppositorum)

Abstract FR:

Witold Gombrowicz, Czeslaw Milosz et Gustaw Herling-Grudziński au moyen d'oeuvres polymorphes (où apparaît une première personne réflexive, journaux et essais) ont réussi à transcender l'exil géopolitique que l'Histoire leur avait imposé. Leur singularité irréductible s'inscrit ainsi dans un horizon commun: l'exil mais aussi la culture occidentale que ces trois écrivains s'efforcent d'exploiter et d'interroger sur toute l'étendue de ses aspects. Nous avons voulu remonter aux raisons de la volonté que partagent ces trois auteurs de réaliser le projet (où l'intentionnalité le dispute au souffle utopique) de remodeler les rapports entretenus par le "je" scripteur, l'univers et autrui, qu'il soit représenté par une communauté (nationale, sociale, culturelle etc. ) ou par les individus pris séparément. Sous leur plume, l'exil devient non seulement une arme de combat (politique, esthétique et individuel), mais aussi un moyen d'accéder à un universel rénové. Ainsi, Czeslaw Milosz apparaît avant tout comme un poète de la réunion des constraires s'efforçant d'étendre le périmètre de sa contrée natale à tout l'univers et de libérer l'imagination (notamment spatiale). Il est aussi un penseur de la religion. Gustaw Herling adopte un parti pris éthique, indissociable de son engagement citoyen contre le totalitarisme: sa défense de l'idée d'un noyau irréductible en l'homme en fait un métaphysicien. Le fait qu'il adopte le principe d'une séparation absolue du Bien et du Mal fait que l'absolutisme métaphysique initial se mâtine de manichéisme. Witold Gombrowicz, quant à lui, analysé ici surtout comme l'auteur de Ferdydurke et du Journal recherche sciemment la rupture, pratique une "déviation" systématique à l'encontre des codes établis, ce qui le place dans le sillage de la désobéissance civile, afin de préserver "une innocence seconde" et se régénérer constamment à travers les rapports interpersonnels. L'exil gombrowiczien est ainsi vécu sur un mode jubilatoire et inventif.