Je veulx chanter de Dieu : l’expérience poétique chrétienne chez les poètes de la Pléiade (1550 – 1587)
Institution:
Lyon 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The Pléiade poets, whose purpose was to revive French poetry by imitating pagan authors, didn’t show much interest in Christian matters. The few religious poems they wrote reveal their ambiguous stance when it came to the subject of christianity and poetry. Most of the aesthetic principles upheld by these writers, such as mythological inspiration or the sacralization of art, were indeed incompatible with the ethical demands of Christian poetry. However religious inspiration played an important role both in the lyric experience of each poet and in the progressive constitution of a proper Christian style. From the Olive sonnets to Jean-Antoine de Baïf’s Prieres published in 1587, the Pléiade Christian poems tackle the major debates of the second half of the 16th century : first, they call into question the profane poetry written between 1550 and 1558, but they also deal with the political crisis in the aftermath of the religious conflicts, and with the spiritual crisis triggered off by the Saint-Barthélemy massacres. Furthermore, these texts also have some specificities concerning theology, enunciation and literary genres, which are likely to enlighten the evolution of Christian lyricism at the end of the century.
Abstract FR:
Désireux de placer l’imitation des Anciens au cœur d’un projet littéraire novateur, les auteurs de la Pléiade, contrairement aux poètes évangéliques et baroques, ne se sont que rarement intéressés aux arguments chrétiens. Cette relative désaffection est révélatrice des rapports ambigus que pouvait entretenir la génération de 1550 avec la matière chrétienne, les principes esthétiques de ce nouveau sodalitium – de l’exploitation de la mythologie à la sacralisation de l’art poétique – contrevenant largement aux partis pris illustrés par la production religieuse du temps. Pourtant, l’inspiration chrétienne a joué un rôle significatif à la fois dans le « cheminement lyrique » singulier que constitue l’œuvre de chaque auteur et dans la constitution progressive d’une poétique à même de célébrer proprement le vrai Dieu. Depuis les sonnets de la seconde Olive jusqu’aux Prieres publiées par Jean-Antoine de Baïf en 1587, les pièces religieuses de la Pléiade se présentent comme autant de prises de position dans les différents débats qui scandent la seconde moitié du XVIe siècle, qu’il s’agisse de la remise en cause de la poésie profane propre aux années 1550-1558, de la crise politique née des conflits inter-confessionnels qui firent rage à partir de 1560, ou de la crise spirituelle ouverte par les massacres de la Saint-Barthélemy. Mais ces textes comportent également des spécificités sur les plans théologique, énonciatif et générique qui permettent de réévaluer, in fine, l’influence de ces expériences poétiques sur le lyrisme chrétien qui s’épanouit à la fin de la période.