L'image récurrente de la route chez trois écrivains roumains d'expression française : Tristan Tzara, Benjamin Fondane et Ilarie Voronca
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Abstract EN:
Tristan Tzara, Benjamin Fondane and Ilarie Voronca are three Romanian poets belonging to the avant-garde of the first half of the 20th century. They all choose France as a place to live in and French as language of their work which they had started in Romania and in Romanian. This ‘route' from Bucharest to Paris, though willingly taken by these three poets, was still to remain an ‘exile' that left its imprints on their writing in French. This ‘route' thus becomes a recurrent image throughout their work revealing itself at various levels, starting with the casual to the complex aspects of the imaginary, including the emotional resonance and the existential questions. Thus for these poets the ‘route' as a recurrent image acquires a primordial meaning, which generates a whole network of motifs, of themes and of metaphysical and poetical questions that can be deciphered by means of the very key which seems to have become the ‘route' for these Romanian poets writing in French. In their poetical creation there are certain characteristic imaginary ‘patterns' revealed in verbal ‘patterns'. Thes ‘patterns' are regrouped around dynamic appeals which man may choose to acquiesce or to deny: the horizontal trajectory (walk, escape, roaming, departure, passage, flux, rush, progress), the circular movement (rotation, turn, search for the center or for the completeness of the circumference), the vertical ‘itinerary' (ascension, bounce, fall) and the temptation of coming to a slow-down or to a complete cessation of movement (sloth, sluggishness, feebleness, gauntness, rigidity, drowsiness). These verbal ‘patterns' are accompanied with a whole range of myths, symbols and archetypes liable to reveal the relationships between these poets and the basic meanings of the route, such as Ulysses, the errant Jew, the river, the tree, the fire, the search for home. Thus the ‘route' reveals itself as a primordial reality to Tristan Tzara, Benjamin Fondane and Ilarie Voronca, as it lies at their formation as both man and poets. Their writing in French therefore changes their completed journey into a metaphysical itinerary and a quest for poetry.
Abstract FR:
Tristan Tzara, Benjamin Fondane et Ilarie Voronca sont trois poètes roumaines liés aux avant-gardes de la première moitié du XX-ème siècle, qui ont adopté la France et le français, pour y vivre et pour y continuer leur œuvre, commencée en Roumanie et en langue roumaine. Cette " route ", qui les conduit de Bucarest à Paris, bien que choisie par ces poètes, n'en est pas moins un " exil ", qui laisse des traces dans leurs écrits en langue française. La " route " y devient une image récurrente, repérable à plusieurs niveaux, allant de l'aspect événementiel aux couches profondes de l'imaginaire, en passant par les échos affectifs et les questionnements existentiels. Ainsi la " route ", d'image récurrente, se mue, pour ces poètes, en image " primordiale ", image autour de laquelle se tisse tout un réseau de motifs de thèmes et de questionnements métaphysiques et poétiques qui se laissent ainsi déchiffrer avec l'aide de cette véritable " clé ", que semble être la " route " pour ces écrivains roumains d'expression française. Dans leur création poétique, des " schèmes " imaginaires spécifiques se traduisent dans des structures verbales, que l'on peut regrouper autour des appels dynamiques auxquels l'homme choisit de répondre ou, au contraire, de s'opposer : le trajet horizontal (marche, fuite, errance, éloignement, passage, flux, course, avancée), le mouvement circulaire (rotation, tournoiement, recherche du centre ou de la plénitude de la circonférence), le " voyage " vertical (ascension, jaillissement, chute) et la tentation du ralentissement ou de l'arrêt total du mouvement (paresse, lenteur, amollissement, assèchement, rigidité, endormissement). Aux " schèmes " verbaux s'ajoutent une série de mythes, de symboles et d'archétypes, susceptibles d'éclairer les relations que ces poètes entretiennent avec l'image fondatrice de la route, tels Ulysse, le Juif errant, le " fleuve ", " l'arbre ", le " feu ", la recherche de la " demeure ". La " route " semble donc être une réalité primordiale pour Tristan Tzara, Benjamin Fondane et Ilarie Voronca, parce qu'elle les fonde en tant qu'hommes et en tant que poètes. Dans leurs écrits en langue française, la route vécue devient ainsi itinéraire métaphysique et quête du poème.