Le phénomène de la littérature de l'absurde en France et en Russie au 20eme siècle : Samuel Beckett et Daniil Harms
Institution:
Aix-Marseille 1Disciplines:
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Harms esperait, dans ses recherches d'une poetique qui permettrait d'atteindre un etat d'eclaircissement et de surconscience, trouver un moyen pour depasser une opposition du et du non-sens qui renvoient l'un a l'autre. Le sens qu'il recherche, c'est plutot le hors-sens qui coincide avec le sens total. Beckett, a l'oppose de harms, n'avait pas d'illusions en ce qui concerne la transformation du monde ; pour lui, seul le neant pourrait liberer du peche d'exister. Tous deux sont partis pourtant des memes premisses : pour atteindre un etat aussi bien que pour atteindre le neant, il est indispensable de renoncer a la conscience discursive et. Par consequent, au texte mimetique, propre a la tradition litteraire. Tous deux se sont vus parvenir au coeur meme de l'etre : le refus des pratiques conscientes, qui s'est traduit par l'immersion dans l'inconscient, les a amenes a la frontiere de la parole et du silence, de la vie et de la mort. Dans cet etat frontalier est nee la veritable litterature de l'absurde, non pas celle qui exprime l'angoisse de l'existence quotidienne, mais celle qui se bat contre elle-meme, qui voit l'unique salut dans sa propre disparition, dans son propre neant. C'est cet etat indifferencie qui represente le danger essentiel, non pas seulement pour une litterature qui s'est proposee d'atteindre l'alogique, mais aussi pour la possibilite meme de trouver un equilibre entre la preservation de la personnalite de l'ecrivain et la necessite de s'adonner a la parole globale, universelle qui devient la seule realite existante. La poetique de harms est l'objet, dansles annees trente, de transformations radicales. La poesie qui aurait du etre a la fois globale et personnelle s'est transformee en une prose ou la particularite de chaque evenement ne dissimule nullement son essence, anonyme, l'aspiration a la creation theurgique a cede la place a la necessite, de mettre fin a la parole proliferante. En cela, sa prose ressemble d'une maniere frappante a l'oeuvrede beckett : toutes les deux se presentent comme un reflet fidele des recherches incessantes pour arreter la parole, pour trouer le texte au point qu'apparaisse le vide qui se cache derriere.