Rhétorique et littérature : le "lieu commun" à la Renaissance, "sive de grandiloquentia"
Institution:
Paris 12Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The words 'commpnplace"' and 'commonplaces' have a dozen meanings during the xvith and xviith centuries. We may consider three main meanings : i, the oratorical development of a great principle; ii, a collection organized by headings; iii, the more traditional 'loci', definition, description, etymology, etc. The first is by far the more important. It takes the two first sections (out of three) to analyse it. In the de inventione of cicero, the commpnplace or 'indignatio' is eloquence at its peak : for example, against parricide in general. It is par excellence the time for the movere, for the greatest emotion. Indignation gives irresistible violence or 'sublime' to the whole speech, thus giving it its internal coherence. During the xvith century, melanchthon is the thinker who gives full importance to the commonplaces. The german reformer sees them as the means to teach the doctrine. Hence all these loci communes, title which names first of all theological summae, against the catholics. Melanchthon blames the erasmian taste for compilations of all sorts, and he gives examples of what a methodical indexation (cf. Ramus) should be. 'commonplaces' comes to name any encyclopaedic compilations. In the process, the movere has been lost and replaced by the docere : by the teaching of 'truths' i. E of norms. A long analysis of the pro milome attempts to measure the strong and weak points of melanchthon's own approach.
Abstract FR:
L'expression "lieu commun" ou "lieu communs" a une polysemie considerable de 1515 a 1700 environ : une douzaine d'acceptions, qui se repartissent en un sens i (l'amplification oratoire d'un grand principe), un sens ii (le recueil classe par rubriques) et un sens iii (les lieux "tout court" de la topique, definition, description, etymologie, etc. ) l'enquete a delimite l'importance relative des trois sens. L'essentiel est le sens i, analyse dans les deux premieres parties. L'analyse du de inventione de ciceron montre que le lieu commun ou "indignatio" est le sommet de l'eloquence : par exemple contre le parricide en general. C'est le moment du movere. L'indignation insuffle son emotion irresistible ou "sublime" au discours tout entier, et lui donne ainsi sa coherence. Au xvie siecle, c'est a melanchthon que l'on doit l'importance accordee aux lieux communs. Le reformateur allemand y voit le moyen de transmettre une bonne doctrine. D'ou ces titres de lieux communs pour designer par excellence des sommes theologiques a usage militant, contre les catholiques. Melanchthon critique l'aimahble fourre-tout des compilations erasmiennes, et donne l'exemple d'une indexation methodique (cf. Ramus) et d'analyses de discours non moins methodiques. "lieux communs" en vient ainsi a designer des tentatives d'ordre encyclopedique. Mais on est passe du movere au docere, de la conviction a la transmission des "verites", des normes. Une longue analyse du pour milon de ciceron tente ainsi de mesurer la force et la faiblesse de l'analyse de ce discours par melanchthon.