L'eau-forte des mots : analyse lexicale de la violence dans "L'ami du peuple"
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Paris 3Disciplines:
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A l'heure ou la première déclaration des droits de l'homme proclame la liberté d'expression, la justice révolutionnaire condamne, pour sa violence, l'ami du peuple, et son rédacteur est contraint de vivre dans la clandestinité. Mais comment des mots peuvent-ils produire de la violence ? La présente recherche part d'une investigation lexicale, assistée par l'outil informatique, et se propose de montrer que les mots de l'ami du peuple accomplissent, conformément au projet déclaré de Marat, des actes offensifs a l'égard du lectorat d'une part et des adversaires désignés d'autre part. Le dispositif énonciatif tente d'imposer la représentation d'un locuteur charismatique, à la fois martyr et prophète, opposée à celle d'un allocutaire misérable et immature. Un tel schéma suffit-il pour engager le lectorat à obtempérer aux appels au sang qui lui sont lances ? Plutôt que par sa participation au montage du dispositif énonciatif, c'est par sa fonction de désignation que le mot accomplit une violence efficiente. L'ami du peuple se bat en effet sur le terrain de la désignation, et c'est la qu'il remporte ses batailles. Par l'abolition des noms d'ancien régime, par la modalisation autonymique qu'il applique aux melioratifs des puissants, il déstabilise les désignants de l'adversaire. Par une catégorisation hostile et péjorant, il les enferme dans des désignant qui constituent en eux-mêmes une violence illocutoire et entrainent, a l'égard de la personne désignée, le soupçon, voire l'opprobre. C'est donc au cœur du mot qu'on trouvera le principe de la violence discursive.