thesis

André Breton et les mondes primitifs

Defense date:

Jan. 1, 1986

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Breton's keen interest in savage cultures has not very been taken into account yet. Nevertheless, primitive thinking (a definition of primitive is given) is one of the fundamental ideological concepts of surrealism. Refusing western values leads surrealists to use other cultural references, especially those of the primitive. To get to know the savage worlds, Breton rejects exotism, uses ethnology cautiously. By automatic writing, he explores the primitive layers of the psyche. But it is the magical dialogue with the savage object which really allows access to emotional knowledge. Surrealism inherited from European "avant-gardes" primitivism, contemporary to snobbish pro-negroism, can sometimes be influenced by racist stereotypes. But Breton stands out by a greater wariness towards these commonplace images. After 1925, the surrealists follow the communist party on anti-colonialism and they give up the sterile hubbub of their beginning. The break from the party cannot be avoided when, about 1935, Breton insists on the cultural specificity of the colonized peoples. Surrealists believe that the message from the savage cultures can be grasped. According to them, the west should reinstate the political functions of the myth. The primitive model provides the likeable image of a society naturally rooted in artistical and psychological values which surrealists crave for. From the Canary Islands to Mexico and Haiti, Breton chants the "ultra-sensitive" areas of primeval tropical nature. He spots signal-places and reads this cryptogram through a poetical screen and the peculiarities of a primitive mentality. The conclusion shows that reception of the so-called surrealist primitivism is rather unfavorable. Yet, this notion partly translates Breton’s attitude, for whom the primitive model gives way more towards revolution than passeism.

Abstract FR:

Le vif intérêt de Breton pour les cultures sauvages a encore peu retenu l'attention. Pourtant, la pensée primitive (on définit la notion de "primitif") est une des données idéologiques fondamentales du surréalisme. Le refus des valeurs occidentales conduit les surréalistes à recourir à d'autres références culturelles, notamment à celles des primitifs. Pour la connaissance des mondes sauvages, Breton rejette l'exotisme, utilise avec méfiance l'ethnologie. Par l'écriture automatique, il explore les couches primitives de la psychè. Mais c'est le dialogue magique avec l'objet sauvage qui autorise vraiment l'accès au savoir affectif. Héritier du primitivisme des avant-gardes européennes, contemporain de la négrophile mondaine, le surréalisme est parfois perméable aux stéréotypes racistes. Mais Breton se distingue par une plus grande vigilance envers ces images convenues. Après 1925, l'anticolonialisme surréaliste côtoie celui du parti communiste et abandonne le frénétisme stérile des débuts. La rupture avec le parti devient inévitable, vers 1935, lorsque Breton insiste sur la spécificité culturelle des peuples colonisés. Le surréalisme estime appropriable le message des cultures sauvages. A leur instar, l'occident devrait remettre en honneur les fonctions politiques du mythe. Surtout le modèle primitif offre l'image enviable d'une société naturellement imprégnée des valeurs artistiques et psychologiques que recherchent les surréalistes. Des Canaries au Mexique et à Haïti, Breton célèbre les zones "ultra-sensibles" de la nature tropicale primitive. Il y repère les lieux-signaux et applique à la lecture de ce cryptogramme le parti-pris du regard poétique et les particularités d'une "mentalité primitive". La conclusion montre que la réception du prétendu "primitivisme" surréaliste est plutôt défavorable. Pourtant, cette notion ne recouvre que partiellement l'attitude de Breton, pour qui le modèle primitif incite moins au passéisme qu'à la révolution.