L'Âge d'or et l'Éternel retour : autour d'Octavio Paz et d'André Breton
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
"The golden age, the lost paradise which was offered to us all, illuminates some of the most beautiful pages of André Breton’s works", declared Octavio Paz in the preface to "Je vois, j'imagine", (1992), dedicated to André Breton. The golden age and its corollary theme the eternal return both gravitated for a whole generation around three main ideals: love-poetry-revolution, (substituting the trilogy of peace-abundance-justice). Beyond the beautifully interwoven contemplation on time in which the works of Paz invite us, these two themes underline the problems and conflicts between nature and civilization, the "question des châteaux" as André Breton named it. Therefore, what can be the role of poetry in a society which is sinking deeper and deeper into a dark suffocating opaque materialism? Not the return to the original waters but nevertheless the research of a condition which reconciles us momentarily with our exile from paradise: poetry permits the reconciliation between the three different aspects of time. In fact, an instant of time is a conjunction between the past and the future, an active poetical instant in which time opens its door: life and death in undissolvable unity. For as Octavio Paz recently declared, "the confirmation that the poetical instant could be found in our experience of love, in the poetical experience and in our lust for revolt, was for me, the most important lesson of the surrealist movement", (cf. Détours d'écriture, p. 57).
Abstract FR:
« Le mythe de l'âge d'or, ce paradis perdu qui nous était ouvert à tous, illumine quelques-unes des plus belles pages de Breton », a déclaré Octavio Paz dans l'un de ses derniers textes consacrés à Breton (cf. Préface de Je vois, j'imagine, 1992). Le mythe de l’âge d'or et son corollaire, l'éternel retour, a gravité pour toute une génération autour de trois axes fondamentaux : amour-poésie-révolution (qui se sont substitués à la trilogie paix-abondance-justice). Par de-là la très belle méditation sur le temps à laquelle nous convie l'œuvre d’Octavio Paz, ces mythes soulèvent le problème de la tension entre nature et civilisation, avec notamment la "question des châteaux", comme l'appelle André Breton. Dans une société qui s'enfonce dans l'opacité du matérialisme jusqu'à la nausée, quelle peut être la fonction de la poésie ? Non pas le retour aux eaux originelles mais tout au moins la conquête d'un état qui nous réconcilie momentanément avec l'exil hors du paradis : la poésie permet aussi la réconciliation des trois temps. En effet, dans l'instant, conjonction du passé et du futur-plus précisément : dans la participation poétique de l'instant - le temps s'ouvre : c'est la vie et la mort en indissoluble unité. Or "cette affirmation de l'instant qui se trouve surtout dans l'expérience de l'amour, dans l'expérience poétique et dans l'expérience de la révolte a été pour moi la grande leçon du surréalisme. " a déclaré récemment Octavio Paz, (cf. Détours d'écriture p. 57).