thesis

Le mythe de Babel dans la littérature du vingtième siècle

Defense date:

Jan. 1, 1997

Edit

Institution:

Paris 4

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

In the twentieth century, the myth of babel is revisited by many writers. In 1920 already, Kafka proposed a new vision of a subterranean tower, whereas Borges, in 1941, created his famous "library of babel", where babel is a metaphor for the cosmos. From this image of a babelian collection of books and shelves is born a new literary tradition. Pierre Emmanuel, in his own way, proposed, just after the tragedy of the Second World War, a vision of the myth of babel as a metaphor for an authoritarian government. More common is the parallel between babel and Babylon, a vision of the progress and decadence of humanity. In Doblin’s novels, or in René Crevel's Babylone, the great prostitute is an object of fascination and repulsion. But beyond all of this, babel is a myth associated with the language and some writers saw babel as a joyful opportunity for creation, mixing several idioms in a lone creation (Joyce, Queneau). Many writers want to see babel as a benediction, and cease to deplore the biblical episode. In Butor's novel, as well as in the works of Borges, Babel is a labyrinth, and the myth is associated with the act of writing, and with the act of reading. More than ever, literature is concerned by the myth.

Abstract FR:

La littérature du vingtième siècle renouvelle l'image de la tour de Babel. Alors que Kafka propose une relecture très originale de l'épisode, Borges enrichit profondément le mythe en créant la célèbre tour-bibliothèque en 1941 métaphore de l'univers, Babel devient espace à arpenter et à interroger : les enjeux herméneutiques et téléologiques du mythe sont soulignés, et la "fiction" donne naissance à une tradition littéraire (Umberto Eco, Eloi Recoing). En 1951, Pierre Emmanuel écrit un long poème épique, Babel lieu de l'asservissement, la tour est un monde totalitaire qui évoque la Seconde Guerre mondiale et souligne les enjeux politiques du mythe. Deux topoi donnent lieu à de constantes réécritures. Babylone, ville maudite, est le lieu du crime. Maints auteurs, Doblin, Pierre Emmanuel et surtout René Crevel évoquent l'image de la « grande prostituée » en des réécritures qui mêlent fascination et anathème. Mais à cause de la "langue unique" évoquée au premier verset du texte biblique, Babel est surtout un mythe du langage. Si bien des auteurs continuent de déplorer le drame linguistique de la tour - impossibilité à communiquer, imperfection de la langue - d'autres en revanche (Queneau, Joyce) jouent avec la et les langue(s), et choisissent d'envisager la diversité comme une bénédiction. Car au vingtième siècle, Babel n'est plus nécessairement un "mythe de la chute". Les auteurs littéraires, mais aussi les exégètes du texte biblique, opèrent une relecture de l'épisode. La diversité, expression d'une altérité nécessaire et fondatrice, serait venue mettre fin, non à un âge d'or, mais à un désir régressif d'uniformisation, voire à un monde totalitaire. D'autres enjeux sont alors soulignes. Avec Borges et Butor, l'errance en ce monde absurde est cheminement babélien qui conduit à placer la lecture, acte herméneutique par excellence, comme l'écriture, acte créateur assimilé à l'édification de la tour, au cœur du mythe.