De "L'assomoir"aux "Bouts de bois de Dieu" : le monde du travail vu par Émile Zola et Sembène Ousmane
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The familiar reader of Zola's and Sembène's novels has at least felt the echoes of Germinal in Les Bouts de bois de Dieu, two emblematic works of the two writers. Although separated in the time and backgrounds, Zola and Sembène, nevertheless, share a sensibility towards the worker's world. The intention of this thesis consists in proving, among other points of analysis, that beyond thematic and ideological similarities that are generally testified or surreptitiously evoked by critics, the two author's novels show disturbing affinities on the aesthetic level as well. Although deep-rooted in African land, the fictional work of Sembène heavily draws inspiration – like a number of novels of this young African literature during the rich decade 50/60 – from the Realist style of the 19th century. Being masters of "mimetic writing" and eager to portray as honestly as possible the worker's condition, both writers rely on a rich and varied mine of resources such as narration, description, impressionist and mythic images, the onomastic, lexical or stylistic features, sociological, historical and geographical facts which are necessary for the famous "realist anchorage", etc… Each in his manner and in often variables proportions, the two writers, more or less successfully, tries to shape his palette according to the motif to be depicted. Revolutionary writing for a revolutionary Topic? Nothing is unsurer than this. The outcome of this "alchemist" literary experimentation is balanced. Despite great efforts, Zola and Sembène do not escape classical conformism at all. One finds in their works rhetorical devices inherited from the fictional tradition alternating with some literary daring. This dissertation aims at exploring the whole of the aesthetic tools in order to highlight the game of intertextual relations which rules the fiction built up by both novelists and, lastly, to prove that the underlying meaning of their novels resides namely in the utopic dream of a socialist humanism: this new ideology meant not to solve the social problem which has been the Zola's permanent preoccupation. Could this essay meet the challenge of contributing in the dialogue of cultures, to enrich the debate and above all, to shed more light on to the dark paths of a field worth exploring?
Abstract FR:
Le lecteur familier avec les univers romanesques de Zola et de Sembène a au moins pressenti les échos de Germinal dans les Bouts de bois de Dieu, deux œuvres emblématiques des deux hommes de lettres. A priori éloignés par l'espace et le temps, ces écrivains dégagent pourtant une sensibilité analogue vis-a-vis du monde ouvrier. Le propos de cette thèse consiste, entre autres, à démontrer qu'au-delà des affinités thématiques et idéologiques généralement attestées ou subrepticement évoquées par les critiques, les romans "ouvriers" de nos auteurs présentent également des similitudes troublantes sur le plan esthétique. Bien que suffisamment ancrée dans le terroir nègre-africain, l'œuvre de Sembène s'inspire largement - à l'instar de nombre de romans négro-africains de la décennie féconde 50/60, du reste - de l'esthétique réaliste du siècle dernier. Acquis à l'écriture mimétique et soucieux de reproduire le plus fidèlement possible la condition ouvrière, ces deux romanciers recourent à une mine de ressources aussi riches que variées comme la narration, la description, les images impressionnistes et mythiques, l'onomastique, les particularités lexicales ou stylistiques, les données sociologiques, historiques ou géographiques nécessaires au fameux "ancrage réaliste", etc. Ils tentent, avec plus ou moins de bonheur, de modeler leur palette en fonction du motif à dépeindre. Écriture révolutionnaire pour un thème révolutionnaire ? Rien n'est moins sûr. Les résultats de cette "alchimie" littéraire demeurent plutôt mitigés. Nonobstant leurs efforts, nos auteurs n'échappent nullement au conformisme classique. On relève dans leurs œuvres des procédés hérités de la tradition romanesque, alternant avec certaines hardiesses littéraires. Le présent travail se donne pour ambition d'analyser l'ensemble de cet outillage esthétique, de mettre en évidence le jeu de relations intertextuelles qui régit la diégèse érigée par nos deux auteurs et, en dernière instance, de prouver que le sens profond de ces œuvres réside surtout dans le rêve utopique d'un humanisme socialiste ; cette nouvelle "religion" appelée à résoudre la question sociale si chère à Zola. Serait-ce, pour nous, une façon de contribuer au dialogue des cultures, d'enrichir le débat et surtout d'inviter à la mise en lumière sur des voies sombres d'un domaine qui gagnerait à être, exploré ?