L'œuvre aux blancs : Dickinson, Mallarmé : poètes de l'absence
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
To compare the formal simplicity of Emily Dickinson’s poetry with the next to mythical complexity of Stéphane Mallarmé's may seem a pure challenge. Yet both works practise a conceptualization of absence from a thematic point of view (choice of topics) as well as from a methodical point of view (choice of figures of speech as ellipsis; syntactic changes; disturbed temporality; valorisation of virtuality). Language in itself is incomplete and powerless to express and appraise reality. Therefore, both poets seek a way to perform which is to be a new aesthetics as well as a new ontology. Ontology and aesthetics are, as a matter of facts, inseparable. In these visions, to create and write is to understand the conditions and modalities of the true nature of being. First of all, language works as a screen eternally raised between nature and the self. It interposes but is also the only way to represent. The impulse of creation is there-fore the impulse of veiling and unveiling of meaning; absence as it is the gathering and place of presence.
Abstract FR:
Comparer la simplicité formelle d’Emily Dickinson avec la presque mythique complexité de Stéphane Mallarmé peut sembler artificiel. Cependant les deux œuvres pratiquent une conceptualisation de l'absence à la fois d'un point de vue thématique et méthodologique (choix des figures telle l'ellipse ; perturbations syntaxiques ; distorsion de la temporalité ; valorisation du virtuel). Le langage en son essence est senti comme incomplet et impuissant à rendre ou estimer la totalité du monde. Aussi les deux poètes cherchent-ils un mode qui soit à la fois esthétique nouvelle et nouvelle ontologie. Esthétique et ontologie sont, de fait, inséparables dans ces œuvres. Créer c'est comprendre les modalités et conditions de l'être au monde ; c'est premièrement comprendre les relations du langage au réel. Or le langage est comme un écran toujours tendu entre le monde et soi ; il est à la fois ce qui éternellement séparé et le seul lieu de la représentation. Le mouvement de la création est alors ce mouvement de voilement-dévoilement qui est principe de la relation au monde : l'absence en tant qu'elle est recueillement et fruit de la présence.