Entre éros et effroi : les célibataires du fantastique : le célibataire dans la littérature fantastique de la fin du XIXe siècle (littératures française, anglaise, américaine, allemande et belge)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
At the end of the nineteenth century, a new emergent social type is picked out by literature of the fantastic as its privileged character : the bachelor. The disenchanted profile of the bachelor and the imaginary related to it, illuminated with decadence : misogyny, misanthropy, reclusion, aestheticism, dandyism, generate a modification in the dreads of this type of literature as well as a variation of its themes, its motives,its poetics. . .
Abstract FR:
A la fin du XIXe siècle,la littérature fantastique choisit pour personnage privilégié un type social émergent, le célibataire. Le profil désabusé du vieux garçon et l'imaginaire qui s'y rattache, enluminé de décadence - misogynie, misanthropie, réclusion, esthétisme, dandysme. . . - impliquent une modification des effrois de cette littérature en même temps qu'un bouleversement de ses thèmes, de ses motifs et de sa poétique. Ces effrois s'inscrivent d'abord dans une nouvelle topographie réduite au chez-soi célibataire, aux murs clos de ce refuge, et surgissent de la seule peur de l'Autre et de son intrusion. Mais, par cet enfermement, l'effet fantastique se concentre définitivement sur le personnage, et ce n'est plus l'Autre finalement qui étonne ou effraie, mais soi-même. Incarnation décadente du culte du soi, le célibataire, qui s'inquiète maintenant de sa solitude, achève sa triste odyssée dans une horreur ou un dégoût de sa propre personne. Enfin, célibataire par peur de l'amour ou des femmes, il finit par érotiser sa solitude et succombe à un désir qui, en quête d'objets inédits, s'autorise toutes les extravagances : uranisme, fétichisme. . . Et surtout nécrophile. L'amour des mortes, en effet, qui permet au célibataire de vivre des amours inféconds, le pousse aussi à se comparer aux grands amants des mythes d'hier : Pygmalion, Orphée, Narcisse. Ces fantômes qui jaillissent du désir frustré achèvent alors de faire du célibataire l'élément central d'un fantastique fin-de-siècle qui a su économiser les figures expressives auxquelles plus personne ne croît.