Abstract FR:

De nature essentiellement comparative, cette these s'attache a reveler la parente des pensees et des destins contemporains de frederic nietzsche et d'arthur rimbaud. Son hypothese de recherche ne s'appuie pas sur l'eventuelle influence que l'un de ces auteurs aurait pu avoir sur l'autre, mais plutot sur la conviction que les nombreuses coincidences de leurs oeuvres trouvent en partie leur explication dans la lecture et la meditation de certains traites esoteriques. Plus precisement, c'est l'antique art d'hermes qui sert de fil directeur au rapprochement du poetevoyant de l"alchimie du verbe" et du philosophe de la "transmutation des valeurs", en apparaissant comme une importante source d'inspiration commune a ces deux genies, emblemes memes de la revolte, de l'errance et de la solitude que guette dangereusement la folie. Parmi les analogies relevees, figurent notamment le theme symbolique de l'or et les noces chimiques du ciel et de la terre, la tentative de depassement des limites spatio-temporelles de la condition humaine et la perspective de guerison d'une humanite malade, en proie au nihilisme ; mais egalement la subversion des categories logiques de l'aristotelisme, la critique du rationalisme cartesien et des schemas dualistes de la metaphysique traditionnelle, telles que l'opposition esprit/corps et sujet/objet ; ou encore la transformation, l'ennoblissement puis la rehabilitation de la matiere, jadis devalorisee par la philosophie platonicienne. L'etude minutieuse des traites d'alchimie auxquels nietzsche et rimbaud auraient pu avoir acces et le projet plus proprement philosophal dont leurs ecrits sont porteurs s'ancrent dans une reflexion de fond a propos des enjeux intellectuels et du contexte historique et culturel qui encouragerent une telle filiation avec la tradition hermetique, laquelle parut etre une reponse possible a la crise que connut la pensee occidentale dans la seconde moitie du dix-neuvieme siecle, notamment avec l'effondrement des valeurs religieuses et morales, l'avenement du positivisme et du machinisme. . .