Narration, fiction et boniment dans le récit romanesque européen au XVIè siècle (Folengo, Rabelais, Lazarillo de Tormes, Nashe)
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This comparative essay studies the rhetorical role of the " bonimenteur" (mountebank) in fiction, focussing on four comic works of the XVIth century : the macaronic poem of Folengo (1521 and 1552), the novels of Rabelais, from 1532 to 1552, the anonymous Lazarillo de Tormes (1554), and the novel of the Elizabethan pamphleteer Thomas Nashe, The "Unfortunate Traveller" (1594). In early modern Europe, when books are circulated in a wider, often hard to control, sales network, the histrionic authorial "persona", advertising his own tale, questions the respective powers of oral versus printed literature. This ironical histrionic attitude puts at risk the reader's trust in what he reads and thus reveals tensions between a curious reader and an author who pretends to praise not just a book but an ideal good. In the end, the question of whether fiction is true or false becomes less central and gives place to a new question : how can fiction be useful ?
Abstract FR:
Ce travail comparatiste étudie la posture énonciative du boniment et ses rapports avec la production fictionnelle dans quatre œuvres comiques du XVIe siècle : le poème macaronique de Folengo, Baldus (versions de 1521 et 1552), les romans de Rabelais, de 1532 à 1552, l'anonyme espagnol Lazarillo de Tormes (1554) et le roman du pamphlétaire élisabethain Thomas Nashe, The Unfortunate Traveller (1594). Aux seuils de la modernité, alors que le livre se trouve pris dans un réseau commercial élargi, souvent difficile à maîtriser, la promotion du récit par une figure auctoriale bouffonne permet de discuter les pouvoirs respectifs de la transmission orale et de l'imprimé. En interrogeant les mécanismes de la croyance, cette prise de rôle figure, sur un mode ironique, les tensions entre un auteur faisant l'éloge d'un bien idéal et son lecteur curieux. Elle déplace finalement la représentation du pouvoir de la fiction, de l'alternative traditionnelle vérité-fausseté, vers une pensée de l'utilité.