De la lecture à l'écriture : N. Sarraute et les littératures russe (F. Dostoïevski), anglais (V. Woolf) et irlandaise (J. Joyce)
Institution:
Lyon 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
“All writers, at the start of their careers, take as their starting point a reality adapted from that of earlier writers”. Nathalie Sarraute, a devoted reader of Dostoyevsky, Joyce and Woolf, succeeded in constructing a complex fictional universe which, though based on ideas, thoughts and narrative techniques originating from these three authors, did not stop the development of a secret world of inner sensations where a multitude of “I’s” are in continuous conflict. The plurality of a Sarraute character excludes self-knowledge as a finite, defined, describable individual, the inner monologue disclosing on several occasions the only bearable truth: any circumstance, any tropism, any word makes us different from what we are; any moment, any gaze reveals to us a part of ourselves which is unknown, obscure, unexplored. Nevertheless, Sarraute’s characters, contrary to widely-held views of her work, are “normal” human beings with their habits and obsessions. Most of the time, they live in Paris, walk in the streets, linger on terraces, drink coffee, travel, visit museums, call on friends…
Abstract FR:
« Tout écrivain, quand il commence à écrire, prend son départ de cette réalité qu’il a pu découvrir dans l’apport de certains écrivains qui l’ont précédé ». Lectrice fidèle de F. Dostoïevski, de J. Joyce et de V. Woolf, N. Sarraute a su construire un univers romanesque complexe qui tout en se fondant sur les bribes des idées, des pensées et des techniques narratives dostoïevskiennes, joyciennes et woolfiennes n’a cessé de développer le monde secret des sensations intérieures où des multitudes de « je » se débattent continuellement. La pluralité du sujet sarrautien exclut la connaissance de soi comme individu fini, définissable, descriptible, le monologue intérieur dévoile à plusieurs reprises la seule vérité acceptable : chaque circonstance, chaque tropisme, chaque mot nous fait autres que ce que nous sommes, chaque instant, chaque regard, chaque geste nous révèle une part de nous-même inconnue, obscure, inexplorée. Pourtant, les êtres sarrautiens, contrairement à un jugement plus répandu qu’on ne le pense au sujet de cette œuvre, sont des êtres "normaux" avec leurs habitudes et manies. Ils vivent dans la plupart du temps à Paris, ils se promènent dans les rues, s’attardent aux terrasses, boivent du café, voyagent, visitent des musées, se rendent visite…