Pratiques et enjeux du détail dans les romans de Juan José Saer, Jean Echenoz et Daniele del Giudice
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Although the concept of detail is at the heart of a history of aesthetics, it generally remains elusive from a theoretical point of view. Such theoretical negligence or powerlessness is startling. Our first intuition was that the end of the XX century novel writing has inherited this great history of detail and draws its own resources from it. The novels of the Argentinean Juan Jose Saer, of the French Jean Echenoz and the Italian Daniele Del Guidice bear witness of the vitality of the uses of detail and their narrative, semiological and poetic stakes. Defined as what appears while it could or should have remained unnoticed, detail upsets, or even brings about a crisis in the order of representation and narration, as well as in the construction of meaning. Derived from an act of detailing (that we called in French détaille) on the part of the novelist, the narrator or the reader, through which they appropriate the text, it is the minimal but fondamental meeting point of attention and intention and the place where the rhythms of writing and reading take shape. We began our analysis by focusing on the perceptive act of detailing depicted through the eyes of the characters of the novel, we then turned to the textual act of detailing, le. The effort of the novelist and narrator to draw attention to such or such detail, but also to the personal involvement of the reader. We then focused on the question of meaning and insignifiance of detail by studying the indication and detail that convey a reality effect. Finally we dealt with the question of the place, measure and functions of detail in the narrative economy and, more generally, in the poetics of these three novelists.
Abstract FR:
Bien que la notion de détail soit au cœur d'une histoire de l'esthétique, elle reste souvent insaisissable sur le plan théorique. On peut s'étonner de cette négligence ou de cette impuissance théoriques. Notre intuition de départ fut que le roman de la fin du XXeme siècle hérite de cette longue histoire du détail romanesque et y puise ses propres ressources. Les romans de l'Argentin Juan José Saer, du Français Jean Echenoz et de l'Italien Daniele Del Giudice témoignent de cette vitalité des pratiques du détail et de leurs enjeux narratifs, sémiologiques et poétiques. Défini comme ce qui apparaît, alors même que cela aurait pu ou dû rester inaperçu, le détail bouleverse, voire met en crise, l'ordre de la représentation et de la narration, ainsi que la construction du sens. Issu d'un geste de détaille qui peut être le fait de l'auteur, du narrateur ou encore du lecteur, et par lequel ceux-ci s'approprient le texte, il est le lieu minimal mais fondamental où se nouent attention et intention, et où se mesurent les rythmes de l'écriture et de la lecture. Nous nous sommes d'abord intéressée à la détaille perceptive, représentée dans le roman par le regard des personnages, puis à la détaille textuelle, c'est-à-dire à l'œuvre de l'auteur et du narrateur soulignant tel ou tel détail, mais aussi aux investissements personnels du lecteur. Nous posons ensuite la question du sens et de l'insignifiance du détail, à travers l'étude de l'indice et du détail susceptible de produire l'effet de réel, et enfin nous abordons la question de la place, de la mesure et des fonctions du détail dans l'économie narrative romanesque et, plus largement, dans la poétique de ces trois auteurs.