Du langage au silence : l'évolution de la critique littéraire au XXe siècle
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Abstract EN:
Literary criticism of the 20th century is characterized by its radical development but ill-defined nature. Under the title “From Language to Silence”, the aim of our studies is to suggest a comprehensive approach of the evolution of literary criticism of our time. Literary texts whether they use the Formalistic or Structuralistic analysis are no longer based on non-linguistic, or in other words historical and social considerations. By assimilating Saussure's linguistic method, literary works since then have been analyzed as a language, a grammatical phrase or even a system of signs. In the last thirty years, however, some of the critics have questioned the referential capability of language as well as the applications of the linguistic method to literary studies. In the light of the concept of silence, we propose to define three different orientations in literary criticism. The first notion we propose is “Absolute Silence”. It designates a critical perspective of counter-interpretation, which refuses all the excessive interpretative practice stimulated by the linguistic and semantic methods, and sheds light on the “non-interpretative” nature of artwork. The second notion “Noisy Silence” is in the realm of metafiction. Being a paradoxical narrative form – both creative and critical writing –, metafiction is its own object of criticism. Lastly, we look at the so-called “Expressive Silence” which sees the “body” as the analytical object of literary studies. The emphasis of the referential function of our silent body draws attention to the excess of language and makes the expression of the unexpressable possible at last.
Abstract FR:
La critique littéraire au XXe siècle a vécu une phase de profonds et multiples renouvellements. Nous tentons de montrer un des chemins que ce renouvellement a empruntés, celui qui va " du langage au silence ". Le formalisme et le structuralisme, l'un comme l'autre tournent le dos au monde référentiel du langage et cherchent leur propre objet dans le langage. En s'assimilant à la linguistique saussurienne, l'œuvre littéraire est analysée comme un langage, voire comme une phrase grammaticale ou un système de signes. Dans ces trente dernières années, certains critiques remettent pourtant en cause la validité du langage ainsi que les applications de la méthode linguistique à la recherche en littérature. Nous définissons dans la critique littéraire trois manières de se situer par rapport au concept du silence. La contre-interprétation désignée par le terme " silence absolu ", représente une tendance de la critique qui se méfie la pratique excessive de l'interprétation fournie par les méthodes linguistiques et sémiologiques, et qui tend à faire taire tous les discours esthétiques. Quant à la métafiction, désignée par le terme " silence bruyant ", elle se caractérise par une auto-réflexivité sur la fonction référentielle du langage et sur toutes les conventions narratives. Etant à la fois une écriture créative et critique, la métafiction se prend elle-même comme objet de critique. Enfin, le silence dit " expressif " représente la rhétorique du corps qui emploie le corps muet comme fil conducteur de sa recherche. Ce courant de critique inscrit le silence dans une dimension discursive, qui permet ainsi d'exprimer l'indicible et met en évidence les excès du langage.