Anatomie de l'humour : Antonin Artaud et la littérature anglo américaine
Institution:
Paris 10Disciplines:
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Humour, humeur : ces deux mots tendent à s'équivaloir dans l'écriture d'antonin Artaud. Il en revient ainsi à l'ambivalence qui caractérisait le mot humour a l'époque élisabéthaine, terme rhétorico-médical au même titre que mélancolie ou catharsis. La spécificité de l'humour dans le champ du comique tient à sa composante humorale ; la seule humeur psychotrope étant la bile noire, il faut se garder d'occulter la dimension <<mélancolique>> de l'humour. La tragédie burlesque élisabéthaine instaure une nouvelle économie affective : le rire et la folie, l'humour et la cruauté, le carnaval et la peste se combinent sur la scène - ainsi que dans la salle. Artaud situe ces mêmes valeurs au cœur de sa propre esthétique théâtrale, en se plaçant sous l'égide de Tourneur, Webster et Ford. Il met en parallèle sa monographie sur Héliogabale et Richard II de Shakespeare, ainsi que les Cenci et Macbeth. Artaud s'avère fascine par le personnage du môme élisabéthain ; toutefois, son choix du sobriquet Momo englobe d'autres valeurs : dans son œuvre, la dialectique du Momo (<<simplet>>) et de la momie recouvre celle de l'humour et de l'humeur dans l'histoire littéraire. Au fil de ses traductions et commentaires de <<Monk>> Lewis, Edgar Poe, Lewis Carroll et S. T. Coleridge, Artaud élabore une conception de l'humour qui met en avant sa nature indissolublement nocive et bénéfique. À la fois mode d'être et mode d'action, l'humour, moyennant les procédés rhétoriques et esthétiques qui le véhiculent, permet de briser, rabaisser, expulser et suspendre les forces aliénantes qui assiègent l'être de l'humoriste.