thesis

Le rapport au lecteur dans les textes de T.S. Eliot, Virginia Woolf et James Joyce

Defense date:

Nov. 15, 2019

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Institution:

Sorbonne université

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This thesis aims to draw a parallel between the artistic endeavors of T.S. Eliot, Virginia Woolf and James Joyce, by shedding light on the similarities in their ways of conceptualizing the relation to the reader. Through a comparative study of their works of fiction and essays, as well as the numerous critical sources which have underlined the complexity of their rhetorical and narrative strategies, it reveals the existence of a similar tension in all three authors, which led them to question the very foundations of the interaction over literary texts. After establishing the sociopolitical, narrative, poetic and philosophical ramifications of such a posture, the present study examines classical reception theories, but also the findings of post-marxist pragmatics, hermeneutics and post-structuralist thought, in order to construe a theory of reading that may do justice to the readability and singularity of the corpus. Indeed, against the ideal of irenic communication, founded on the reader faithfully following the intentions of a transcendent Author figure, modernism plays on ambiguity, the transformation and even inversion of roles, and ultimately on the freedom of the instance of reception, as well as its responsibility towards its own interpretation. This is how Joyce, Eliot and Woolf proposed to circumvent the issues of traditional authorship, without falling into the traps of solipsism of the Fascist cult of the Artist as guide. They accepted the unpredictable, revelatory and ever-renewed encounter with this “Other of the text” that the reader truly is.

Abstract FR:

Cette thèse se propose d'opérer un rapprochement entre les entreprises artistiques de T.S. Eliot, Virginia Woolf et James Joyce, en affirmant le parallèle entre leurs manières d'envisager le rapport au lecteur. A travers l'étude comparée de leurs œuvres de fiction et de leurs essais, ainsi que la mise en regard de nombreuses réflexions critiques, qui ont souligné la complexité de leurs stratégies rhétoriques et narratives, elle révèle une tension commune chez les trois auteurs, qui les porte à remettre en question les fondements même de l'interaction autour du texte littéraire. Après avoir établi les ramifications socio-politiques, narratives et poétiques ainsi que philosophiques de cette prise de position, le présent travail reprend les théories classiques de la réception, mais aussi les acquis de la pragmatique post-marxiste, de l'herméneutique et de la pensée post-structuraliste, pour présenter une théorie de la lecture qui fasse justice à la lisibilité et à la singularité de son corpus. Face à l'idéal d'une communication irénique, fondée sur la fidélité du lecteur envers les intentions d'une figure d'Auteur transcendante, le modernisme prône en effet l'ambiguïté, la transformation voire l'inversion des rôles, et en définitive la libération de l'instance de réception, et sa prise de responsabilité vis-à-vis de son interprétation. C'est ainsi que Joyce, Eliot et Woolf ont pu éviter les écueils de l'autorité traditionnelle, sans tomber dans le solipsisme ou le culte fasciste de l'Artiste-guide : en acceptant la rencontre, imprévisible, révélatrice, et toujours renouvelée, avec cet Autre du texte qu'est véritablement le lecteur.