thesis

L'écriture et la cohésion de l'oeuvre : une analyse des métaphores du corps et de la matière dans Pierre ou les ambigui͏̈tés

Defense date:

Jan. 1, 1994

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Institution:

Paris 7

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

We have tried to explain Pierre's complex symbols and special logic, analysing the textual organisation and the metaphors, which present an autonomous chain of causes. Death is associated with bodies made of material, passive and unrelated elements, shaped into reproductions of an ideal model by authority, which bases its power on this capacity. Thus the text is a patchwork of inconsistent styles and genres mocking popular models. The Glendinnings are a collection of reproductions of the father's empty identity, incapable of original action. The characters' bodies metaphorically appear as dead matter. All of those "bodies" are false appearances: the voice of truth and life exists only as an act of transformation of the tyrannical model. This voice appears in the narrator's ironical voice, and also in a mysterious influence which interferes with the plot, determining Pierre's tragic fascination. We think this influence, which is associated with writing, represents the power of literature. It reveals the 'bodies' of the novel as corpses. With the incest motif, Pierre finally makes sense as a symbolic destruction of father-centered authority. The magical, scriptural influence dismantles the tyrannical structure of filiation. The novel assumes again the divine power of breathing life, consistency and meaning into dead matter, but in doing so it disposes of the corporeal models used by authority, and of the father figure.

Abstract FR:

Ce travail essaie d'expliquer les incohérences apparentes de Pierre en analysant l'organisation textuelle et le réseau métaphorique qui redouble l'action par sa propre chaine causative. L'histoire personnelle, littéraire et politique suggère un désir de vengeance de Melville contre une autorité oppressive : nous tentons de démontrer que le roman assouvit cette vengeance en détruisant les modèles qui se prêtent à l'argumentation autoritaire, en particulier la figure paternelle. Le corps des personnages, la famille Glendinning et le texte même apparaissent comme des ensembles corporels en instance de corruption, auxquels une autorité tyrannique donne une apparence de cohésion vitale en les moulant d'après un modèle idéal. Ces ensembles trompeurs prétendent détenir la parole véridique, mais se révèlent muets et creux. Contre leur mutité, la voix de la vérité et de la vie ne peut apparaitre que comme l'acte qui défait ce modèle. Elle surgit dans la voix narratrice qui parcourt ironiquement un texte fait d'un patchwork de brides stylistiques, mais aussi dans l'intrigue, sous la forme d'une influence magique associée à l'écriture, qui détermine la tragédie et précipite la concrétisation des qualifications morbides de la fausse cohésion de l'autorité latente depuis toujours dans les métaphores. C'est alors la représentation métaphorique du pouvoir de la littérature qui reprend la puissance divine de donner vie, sens et cohérence à la matière morte, mais en ayant au passage fui la substance et démantelé les structures de la filiation et la figure paternelle.