thesis

Les paradoxes de la fiction cognitive de G. K. Chesterton (1901-1910)

Defense date:

Nov. 29, 2019

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Institution:

Sorbonne université

Disciplines:

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Abstract EN:

This thesis explores the tension between fiction and reasoning in the Edwardian oeuvre of writer, journalist and polemicist G. K. Chesterton (1874-1936). Within the framework of fiction theory and the history of ideas, it is hypothesized that Chesterton diverts fiction from its most frequent use as a genre (a narrative in prose aiming at entertainment) to turn it into a mode. Used as a rhetorical figure, fiction is also devised as a cognitive vehicle that pushes back the frontiers of knowledge, a way of understanding the world and a conceptual modelling tool, which does not contradict but completes his reasoning. The second hypothesis of this work rests on the defining influence of the historical background on Chesterton’s imaginative use of fiction: the Edwardian intellectual world goes through an epistemological crisis while the ever-thickening stream of popular fiction turns the era into a Golden Age of storytelling. The era thus appears as a pivotal moment. Chesterton’s formative years and early career will be studied in the literary context of the time to set the scene for his theory of fiction and for an exploration, in practice, of Chesterton’s fictional modes in his articles, essays, literary studies but also in his romances and his detective fiction, as these genres of popular literature allow him to give shape to his reasoning and appeal to a wider audience. Defining Chesterton’s unusual fictional modes will allow us to place him within the wider movement of authors trying to foster a new relationship to fiction at the dawn of the 20th century.

Abstract FR:

Cette thèse se propose d’étudier le rapport entre fiction et raisonnement dans l’œuvre édouardienne (1901-1910) de l’écrivain, journaliste et polémiste anglais G.K. Chesterton (1874-1936). S’inscrivant dans le double cadre de la théorie de la fiction et de l’histoire des idées, ce travail repose sur l’hypothèse d’un usage singulier de la fiction dans la pensée chestertonienne, qui l’écarte de sa définition générique (comme d’un récit en prose, principalement destiné au divertissement) pour en faire un mode de raisonnement. Utilisée comme figure rhétorique, elle est également pensée comme un véhicule cognitif permettant de repousser la frontière du savoir, un moyen de compréhension du monde et un instrument de modélisation de l’idée, qui ne contredit pas le raisonnement mais le complète. La seconde hypothèse concerne le rôle central du contexte historique dans cet usage paradoxal de la fiction : le monde intellectuel britannique traverse, à la fin du XIXe siècle une crise épistémologique tandis que l’époque se caractérise progressivement par un âge d’or de la fiction de masse. L’ère édouardienne, située à la croisée de ces mouvements, apparaît donc comme un moment pivot. L’étude replace d’abord la formation intellectuelle et la naissance de la carrière de Chesterton dans le contexte de la vie littéraire de l’époque, afin de proposer une théorie de sa fiction d’examiner sa pratique dans ses articles, ses essais, ses études littéraires. Ses romances et ses récits de détection sont également envisagés puisque ces genres de la littérature de masse permettent à Chesterton de donner corps à sa pensée et de toucher un large public. En définissant des emplois originaux de la fiction, il s’agit d’examiner comment ils s’inscrivent dans une renégociation plus générale du rapport entre savoir et fiction à l’aube du XXe siècle.