thesis

La tentation de l'érotisme dans la fiction de John Hawkes (1964-1997)

Defense date:

Jan. 1, 2002

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Institution:

Paris 3

Disciplines:

Abstract EN:

Eroticism in John Hawkes's works is relevant to the notion of temptation ; his writing aims at a frontier which representation can only grasp through indirect means. Hawkes can only figure sexuality within the boundaries of meaningful representation, as if his writing revealed an obsessional concern with the Original Sin. We will posit that the tension which precedes the satiation of desire, this constantly differed bliss are truly erotic. When Hawkes brings the act of writing to its limit, throwing it to the brink of nonsense, he raises the issue of the incarnation of the letter within the boundaries of the text. The transcendence of the divine word (the end of metaphysics, i. E God's death, entails that of the writer as an omnipotent demiurge on the fictional level) is irrelevant to the incarnation of the letter, i. E the possibility of inscribing a body irretrievably absent from the written word. We are therefore far less concerned with the figuration of the body than with its figurality as it remains on the fringes of the text. The body appears only as the trace, the imprint, or rather, the tracing out of a twice-differed presence, that of the flesh of language which surfaces when two desires converge: that of the reader, and that of the author. This convergence of desires is only possible within the poetic process which dislocates language as it tends toward the very limit of meaning, arousing our emotion as it strikes the chords of the affective connotations borne by language. Hawkes's lyricism, this constant call toward the other whose presence the author tries to ensure, prompts us to envisage intersubjectivity from the angle of the aesthetic relation as it occurs within poetic language. The autotelic nature of metafiction which Hawkes embraces in his later works cannot exclude the other, for Hawkes's concern lies not with writing for someone in particular, but rather to an other, be it writing (to) oneself as (to) an other.

Abstract FR:

L'érotisme dans l'œuvre de Hawkes est de l'ordre de la tentation, tension vers un horizon inaccessible à la représentation qu'il ne saurait atteindre que sur le mode du détour : Hawkes ne parvient jamais à figurer le sexe si ce n'est en marge de la représentation, comme si l'imaginaire de la faute chrétienne hantait encore son texte. Nous partons du postulat que c'est la tension qui précède l'assouvissement du désir, la jouissance toujours différée qui est érotique, et non la scène. Lorsque l'écriture touche à sa propre limite, prête à basculer vers le non-sens, elle pose la question de l'incarnation de la lettre dans le texte hors de toute transcendance du verbe (la mort de Dieu signifie, pour la fiction, celle de la figure de l'écrivain en démiurge tout puissant), c'est-à-dire de la possibilité d'inscrire le corps, irrémédiablement absent, au sein de l'écrit. Le corps qui nous préoccupe est moins figuré que figural, situé sur le fil de l'horizon du texte : le verbe ne peut plus s'incarner que dans la plaie du sens qui s'épanche, abject. Le corps n'apparaît qu'en tant que trace, empreinte ou plutôt frayage d'une présence doublement différée d'une chair de la langue qui n'affleure que dans la rencontre de deux désirs, celui du lecteur et celui de l'auteur. Or cette rencontre n'est possible que dans l'espacement de la langue assuré par la poétique du texte qui tend à la limite du sens, et ce faisant suscite l'émotion en faisant vibrer les connotations affectives de la langue. Le lyrisme des textes de Hawkes, cet appel constant en direction de l'autre dont il cherche à s'assurer la présence, nous incite à envisager l'intersubjectivité du point de vue de la relation esthétique telle qu'elle se noue dans le langage poétique. Le geste autotélique de la métafiction vers laquelle s'oriente Hawkes dans ses dernières œuvres ne peut exclure l'autre de sa visée car il ne s'agit pas d'écrire pour quelqu'un mais bien à un autre, quitte à s'écrire (à) soi-même comme (à) un autre.