thesis

Le visage de la scène : l’Autre monde d’Harold Pinter et Emmanuel Lévinas

Defense date:

Jan. 1, 2007

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

In Harold Pinter’s theatre, the eccentricity of literary space – all at once Alaska, the Sahara desert, the Mediterranean, Treasure or tropical islands, cricket grounds, rabbit holes, ghostly palaces even concentration camps – relentlessly contradicts the naturalism of the stage. The filigree landscapes recollected through dialogues and stage directions, exile the audience to a deep and unnamable past that must be responsibly faced. A gothic odyssey sets off as soon as the curtain rises and wholly dissolves the realism of the scenery; the rooms which the characters somehow inhabit end up wrecked on foreign and inhospitable shores. The public is held hostage by this haunted language and witnesses helplessly the defacement of humanity. Such a theatrical violence lies precisely in the aesthetic obliteration of the Face which, for Lévinas, is the very expression of injustice, and that we named “poethics”.

Abstract FR:

Dans le théâtre d’Harold Pinter, l’excentricité de l’espace littéraire – tout à la fois Alaska, désert du Sahara, Méditerranée, île au Trésor ou tropicale, terrain de cricket, terrier, palaces fantômes voire camps de concentration – contredit sans cesse le naturalisme de la scène. Les paysages en filigranes que dessine le discours exilent le spectateur dans un « profond jadis » innommable auquel il doit faire face. L’odyssée des spectres commence dès l’ouverture du rideau et fait totalement disparaître le réalisme du décor ; la demeure qu’habitent tant bien que mal les personnages échoue sur un rivage spectral et sauvage. Otage de cette hantise du discours, le public assiste impuissant à la défiguration de l’humain. La violence d’un tel théâtre se situe précisément dans cette oblitération esthétique du visage qui, pour Lévinas, est l’expression même de l’injustice, et que nous nommons « poéthique ».