Saisie/dessaisissement : enjeux de l'unité texte/image chez Keats, Tennyson, Rossetti et dans l'art préraphaélite
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This dissertation on word and image focuses on the relationship connecting Keats, Tennyson, Rossetti's poetry and Pre-Raphaelite art, be it through visual representations of poems, ekphrastic works, illustrated books, or Rossetti's “double works” of art linking poem and painting. This strong link partly results from the persistence in nineteenth-century England of the powerful tradition of ut pictura poesis, a comparison by Horace which has been used to blend poetry and painting, as if they were mirror images of each other. However, since they remain heterogeneous forms of art, each with its own codes and modes of apprehension, we can wonder whether simultaneous perception may entail no uneasiness. Indeed, being a reader/viewer implies, from the very start, abandoning some habits of perception. Even as we try to maintain the uniqueness of each work of art, doublings, mirroring effects debunk stable interpretation. If we admit this form of amazement implied by word and image, there might be a way of considering them as a whole, each aspiring to find completeness by including the other: only then may they become inseparable “halves”. There still exists a potentially painful interstice between the two that the art of inachievement, through sketches or suspension, sublimates, creating a more complex unity, a dynamic process aiming to grasp both poetry and painting, in which the reader/viewer enters the path of labyrinthine a(maze)ment.
Abstract FR:
Cette thèse explore les relations qu'ont pu entretenir l'art poétique de Keats, Tennyson et Rossetti avec l'œuvre visuelle du mouvement préraphaélite. La rencontre entre le texte et l'image est particulièrement fructueuse – poèmes mis en tableaux, ekphrasis poétiques, volume illustré issu de la collaboration des artistes, double pratique artistique chez Rossetti. Cette relation forte s'appuie sur une tradition encore très vivace au dix-neuvième siècle anglais, celle de l'ut pictura poesis. Cette comparaison d'Horace invite à placer peinture et poésie en miroir, chaque œuvre se construisant à l'image de l'autre. Or pour le regard qui doit désormais se confronter à deux formes hétéroclites, dotées de leurs propres codes et modalités d'appréhension, le texte/image peut impliquer une certaine gêne. En cela, devenir lecteur/spectateur, déjà, semble l'expérience d'un dessaisissement. Tenter de maintenir l'unicité et l'unité de chaque œuvre, comme garanties de l'originalité artistique, ne se fait de plus qu'au prix de dédoublements et de miroitements qui interdisent la stabilité de l'interprétation. Si l'on accepte ce dessaisissement, l'élan réciproque du poème au tableau paraît parfois tendre vers, voir se suturer en un espace unique, qui permettrait dès lors une saisie globale, un tissage des formes, une façon de penser les deux moitiés comme indissociables l'une de l'autre. La suturation, brèche et potentielle blessure, doit alors s'envisager comme une entité texte/image dynamique, qui renonce à la fixité par l'ébauche, l'inachèvement, pour nous entraîner vers un espace/temps plus complexe, celui du parcours labyrinthique où le texte/image se fait quête.