Rhétorique et savoir maniéristes : sonnets amoureux de Ronsard (Le premier livre des Amours), Góngora, Marino (Rime amorose) et Shakespeare (Sonnets)
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Dans Le Premier Livre des Amours de Ronsard, comme les sonnets amoureux de Gôngora, les Rime de Marino et les Sonnets de Shakespeare, une même rhétorique est à l'œuvre. La conscience de venir après, dans un pétrarquisme second qui peut aussi bien être un contre-pétrarquisme, détermine une esthétique merveilleuse au terme de laquelle l'accent semble résolument basculer des res aux verba. L'enjeu est alors de déterminer la teneur en sérieux de cet exercice de brillant formel qui semble d'emblée récuser toute interprétation définitive, à la manière d'un jocus serius indécidable. Nous faisons l'hypothèse que dans ces sonnets où s'exacerbent nombre de pratiques renaissantes, l'expressivité à la fois maximale et codée est articulée à un discours qui valorise les formes de la complexité. L'étude de ce discours procède en trois temps : investissement de la forme du sonnet, caractéristiques de la représentation, teneur e modalités des significations engagées. Une paradoxologie s'en dégage. Paradoxe des énoncés merveilleux métaphoriques ou oxymoriques dont les concetti que produit le sonnet sont l'emblème ; paradoxe d'une représentation à la référence incertaine ; paradoxe du régime équivoque, contradictoire ou allusif de le signification. La paradoxologie maniériste propose cependant un discours unitaire dont la persona lyrique se porte garante. Trame incertaine, le sujet maniériste est avant tout une voix, puissance d'énonciation capable de garantir la force de l'évidence à l'expérience de la complexité. La richesse verbale ne se laisse pas troquer contre un sens apaisé ou univoque, mais la force de renonciation s'efforce d'y suppléer.
Abstract FR:
Ronsard's Premier Livre des Amours, Gôngora's love sonnets, Marino's Rime as well ai Shakespeare's Sonnets offer similar rhetorics. The conscience of not coming first, of writing after Petrarch — perhaps even against Petrarch —, requires an esthetics of maraviglia, definitely shifting the weight from res to verba. Which leads to question the degree of earnestness of such an effects-oriented discourse, that seemingly rejects, under the aegis of the jocus serius, every steady interpretation available. We shall assume that in these sonnets where many an early-modern practice is highly condensed, expressivity, both hyperbolic and coded, embodies a specific, complexity-oriented, discourse. Mannerism - contemplated from the point of view of the practice of the sonnet, of the specificities of its representation and of the management of meaning - calls for a paradoxology. Paradox can come under the guise of metaphors and oxymorons -highly condensed in concetti -, of the uncertain reference of the representation or of the allusive unequivocal, self-conflicting significations. However, paradoxology calls for an unified discourse, guaranteet by the lyric persona. The mannerist self may be an uncertain complexion: he above ail is voice, enunciative might, able to assume the strengh of evidence within the experience of complexity. Verbal cornucopia will not be converted into any stable or pacified meaning, but the enunciative force may stand for it.