Désenclaver le bref : pratiques contemporaines de la nouvelle chez William H. Gass, Steven Millhauser et David Foster Wallace
Institution:
Sorbonne universitéDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
While the minimalist short story has often been explored by contemporary criticism, this study wishes to focus on the resolutely more expansive and excessive style to be found in the shorter works of William Gass, Steven Millhauser and David Foster Wallace. Nonetheless, their stories guide the reader through an experience of reticence as they withhold the promise of revelation or resolution. Given that theoretical approaches to the short story are wont to emphasize its supposedly inherent concision, the stories of these three writers seem to deliberately transgress this preconception by consistently pushing their structural and metaphorical boundaries. Indeed, the texture of their narrative voices, depicting the tortuous introspections of characters prone to highly reflexive discourses, the constant weaving of poetic leitmotive as well as an omnipresent thirst for detail shape a prose which asserts itself as a firm counterpoint to minimalism. This constant renegotiation of what brevity means also fuels the philosophical tenets of their prose, often characterized by various aporetic patterns and considerations which confront the reader with a heuristic approach to indeterminacy. Gass, Millhauser and Wallace therefore constantly play with the implications of brevity in their stories, which are neither short nor concise, thereby contributing to the definition of a new literary epistemology in the context of contemporary American literature.
Abstract FR:
Si c’est la nouvelle américaine minimaliste qui a le plus souvent retenu l’attention, cette thèse s’intéresse à travers les nouvelles de William Gass, Steven Millhauser et David Foster Wallace à une écriture de l’expansion et de l’excès, qui fait pourtant de la réticence – à révéler et à conclure – sa pierre angulaire. Alors que la critique a souvent placé la nouvelle sous le signe de la restriction, comme un objet à l’économie poétique fondamentalement brève, notre corpus se départit nettement de cette vision. Les méandres de la voix, qui disent les introspections tortueuses du sujet au gré de boucles réflexives, les jeux de déclinaisons métaphoriques ainsi que la grammaire du détail, véritable tentative de maîtrise du monde par son atomisation, inscrivent ainsi l’esthétique de ces auteurs aux antipodes de l’écriture blanche. Se tisse alors une trame du ressassement, qui aspire à l’infini textuel et déjoue véritablement le telos. Cette renégociation singulière de la brièveté nourrit par ailleurs un régime philosophique de l’aporie, qui fait de la lecture une véritable expérience heuristique de l’indéterminé. C’est ainsi que les auteurs étudiés jouent constamment de la tendance du texte court à se dérober, tout en se refusant à une esthétique de la concision : l’examen de ce paradoxe apparent permettra dès lors de recontextualiser la notion de brièveté dans le champ de la nouvelle, tout en éclairant l’esthétique de ces trois auteurs. Ce faisant, cette thèse ambitionne de montrer comment l’assouplissement de la brièveté à l’œuvre informe une certaine épistémologie littéraire contemporaine dans les lettres américaines.