En dissidence du romantisme, la tradition post-exotique : une histoire de l'idée de littérature aux XXe et XXIe siècle
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis is a historical enquiry into the idea of literature as invented by early German Romanticism. The Romantic idea of literature, which has informed the cultural system of modernity, delegitimized itself historically when the system engendered World Wars, totalitarianisms, concentration camps and genocides. This cultural system nevertheless continues to exist and dominate, since, as a general rule, people have wanted – and still want – to deny its inherent relationship with barbarism. Yet, confronted with modern forms of terror, dissenting voices have mounted a critique of the culture, sounding the alarm in the hope of carrying out a rescue mission. This thesis focuses on how, in the twentieth century, theoretical inquiry and literary and artistic practice bring about a schism, creating as they do a critical and dialectical relation to the Romantic idea of literature and determining a new mode of being for literature. In the wake of the experience of terror, at a time when the fate of art hangs in the balance, the critical theory of kitsch and the art of testimony are born together, irreversibly. Aside from the ethical need to produce an authentic record of reality, we might distinguish, here, the political desire to transmit something of substance which might inspire a new foundation for life together within the community. As it happens, in the age of testimony, literature and art inherit this mission, and it follows that non-testimonial works take on the role of a wake-up call. It is precisely at the turn of the twenty-first century that it becomes possible to recognize a tradition in retrospect and, following Volodine’s synthesis, to qualify it as post-exotic.
Abstract FR:
Cette thèse est une enquête historique sur la littérature, telle qu’inventée par le premier romantisme allemand. L’idée de littérature romantique, qui a conditionné le système de culture de la modernité, s’est délégitimée historiquement quand celui-ci a produit des guerres mondiales, des totalitarismes, des camps et des génocides. Ce système de culture continue néanmoins de vivre sa vie et de dominer car, en général, on a voulu et on veut encore dénier que la barbarie lui est devenue inhérente. Cependant, face à la terreur moderne, des voix dissidentes ont fait œuvre de critique de la culture, – tels des avertisseurs d’incendie, dans l’espoir d’effectuer un sauvetage. Cette thèse étudie comment, au XXe siècle, des réflexions théoriques et des pratiques littéraires et artistiques créent ainsi un schisme, construisant un rapport critique et dialectique à l’idée de littérature romantique, déterminant un nouveau mode d’être de la littérature. De façon décisive, en fonction de l’expérience de la terreur, à l’heure fatale de l’art, s’inventent corrélativement la théorie critique du kitsch et l’art d’écrire du témoignage. Outre le souci éthique de faire du bon travail au regard du réel, se distingue alors le souci politique de réaliser une transmission de façon à refonder un vivre-ensemble pour la communauté humaine. Or, à l’ère du témoignage, la littérature et l’art reçoivent cette mission en héritage, de sorte que des œuvres de non-témoins se constituent à leur tour en dispositifs d’éveil. C’est précisément au tournant du XXIe siècle qu’il est possible de reconnaître rétrospectivement une tradition et, suivant la synthèse que réalise Volodine, de la qualifier de post-exotique.