Connaissement du monde : multiplicité, exhaustivité, totalité dans l'oeuvre de Georges Perec
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Although Georges Perec's works have been steadily confronted with the question of totality, for anthropological reasons as much as autobiographical, political and literary ones, they are seldom studied from this angle. This may be due to the present devaluation of this term, which has been wrongly associated with totalitarianism, or to the prevailing contemporary dysphoric doxa. However, to fill the need, these works, whose deep motivating forces are euphoric, keep raising the issue of the multiplicity of reality, secretly hoping that they will shake it through the writing. The "substantial" totality beeing inaccessible, lets itself be tamed through a "relational" form (both relative and related to the absolute), a necessary adaptation to turn totality from a paralyzing, outmoded, even dangerous utopia it had become, into a heuristic vector (a promise to meet with meaning or the continuous memory again) and a means to a renewed type of realism. From the "critical-realistic" attempt or the infra-ordinary remanence of the immediate expression, to the mediatized solutions of maturity (constraints, autobiography, fiction, totality through works, intertextuality or reception), via various experiments within and out of literature, the works are gradually building up through a dialogue with an impossible that successfull exhaustive constructions or schemes open to representation, reasserting the power of writing. Thus resuming some sort of textual transcendence where modesty and concreteness however are at play, Georges Perec's works find in totality their unity and the probable cause for their becoming a present myth as a matrix of a modern type of realism. From a work born in the "era of suspicion" (N. Sarraute), they turn into pillars of the "epilogue" one (G. Steiner).
Abstract FR:
Quoique inlassablement affrontée, pour des raisons tout autant autobiographiques qu'anthropologiques, politiques que littéraires, à la question de la totalité, l'œuvre de Perec est rarement abordée sous cet angle, peut-être en raison de la dévaluation actuelle d'un terme indûment associé à totalitarisme, ou de l'emprise de la doxa dysphorique contemporaine. Pourtant, cette œuvre euphorique dans ses ressorts profonds ne cesse, contre le manque, de poser le problème de la multiplicité du réel dans le secret espoir de l'entamer par l'écriture. Inaccessible, la totalité "substantielle" s'y laisse alors apprivoiser sous une forme "relationnelle" (à la fois relative et reliée à l'absolu), accommodation nécessaire pour que la totalité, d'utopie paralysante, dépassée, voire dangereuse qu'elle était devenue, se change en vecteur heuristique (promesse de retrouvailles avec le sens ou de mémoire continue), et en moyen d'un réalisme renouvelé. De la tentative "réaliste-critique" ou de la rémanence infra-ordinaire d'une expression immédiate, aux solutions médiatisées de la maturité (contrainte, autobiographie, romanesque, totalité par l'œuvre, l'intertextualité ou la réception), en passant par diverses expérimentations dans la littérature et hors d'elle, l'œuvre se construit peu à peu dans un dialogue avec un impossible que des exhaustivités ou des programmes réussis rendent accessible à la représentation, réaffirmant les pouvoirs de l'écriture. Ainsi rendue à quelque forme de transcendance textuelle où la modestie et la concrétude jouent cependant leur rôle, l'œuvre de Perec trouve par la totalité son unité et la cause probable de son actuelle mythisation comme matrice d'un réalisme moderne. D'œuvre née dans l'"ère du soupçon" (N. Sarraute), elle devient alors pilier de celle de l'"épilogue" (G. Steiner).