Abstract FR:

En focalisant l'attention sur les conditions d'émergence et de fortification d'un espace bâti, aménagé, l'étude prend le parti, pour lancer les bases d'une possible méthode d'analyse des rapports complexes qu'entretiennent la littérature et l'architecture, de procéder à une lecture expérimentale : lecture qui fait l'expérience du texte comme d'un lieu, abattant le cloisonnement entre les disciplines. Il s'agit de traduire l'espace scriptural en lieu de séjour et d'en définir les modalités d'habitation. Les auteurs choisis pour essayer ce processus d'approche - Robert Pinget, Maurice Roche et Claude Simon - sont tous trois de grands démolisseurs d'un genre : le roman traditionnel. En même temps, ils ont souvent été rapidement rattrapés par la critique, qui a eu tendance à enserrer leurs inventions dans une analyse structurale. À partir d'un travail d'enquête qui remonte jusqu'aux archives des écrivains, la thèse vise à redonner à cette littérature éprise de nouveauté - qui crée son lieu spécifique, sa spatialité et ses enjeux - son plein volume, jusque dans ses manques, dans ses creux, montrer ses portes de sortie et ses lieux d'achoppement. L'arpentage du texte se développe selon un plan qui part du site, explore le territoire et s'achève avec la révolution de l'espace topologique. Il en ressort que l'œuvre littéraire contemporaine, créant son propre dispositif d'apparition, de développement, invitant le lecteur à y pénétrer - comme on rentrait, autrefois, dans les premières camera obscura - joue aussi des procédés optiques de brouillage, obligeant à s'éloigner de l'objet pour faire fonctionner son système projectif. Le plan de l'œuvre, c'est le plan de projection