thesis

Théâtre et magie dans la littérature dramatique du XVIIè siècle

Defense date:

Jan. 1, 1998

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Institution:

Toulouse 2

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The purpose of this study, "theatre and magic in the dramatic literature of the 17th century" is to show how and why the theatre of that century reflected the different forms of the irrational. It is meant to shed light on a subject often left in the shade, perhaps on account of the prevailing image of French classicism yearning for order, reason and clarity. Pre-scientific thinking in the early 17th century remained indeed highly dependent on the learned magic of the renaissance. Kepler and Galilee were as many astrologers as astronomers and the passing of a comet, seriously interpreted as an ill-fated foreboding still in 1680, spread terror among the population. Medicine was still astrophile and influenced by Paracelsus's theory of marks. The most enlightened minds remained under the spell of the marvelous, kept alive and renewed by emblematic. Royal mystic under Louis XIV took on a magic dimension, magnified by the solar emblem. Awe of the devil and of woman assumed the form of witch hunting until after 1650 through the affairs of possession of Loudun, Louviers, and Aix. . . Etc. The Affair of the Poisons in 1679 was also a resurgence of the magic spells and black masses. The first part of the study analyses the reality of this magic. How this magic mentality was depicted varied with the literary genres. Such serious genres as tragedy, musical tragedy and to a lesser extent tragi-comedy - in the second part of the study - reveal the constant fascination of the 17th century for the magic marvelous, both veiled and sublimated by myths. Armida's gardens were the symbol of the dream of love just as the destruction of the enchanted palace was the symbol of its impossibility. Magic in comedy, developed in the third part, reflects more directly the reality of magic and of its avatar, witchcraft. The theme showed a great variety of registers in the pre-Moliere productions, in pastorals, tragi-comedies and comedies. Sometimes a lofty poetry is inspired by the baroque themes of the illusion, of the mirror, of the metamorphosis of the self and of the world, of the dead-alive, while the theme of the devil, the witch and the satire played upon the whole spectrum of laughter. From Moliere onwards comedy stressed the denunciation of imposture previously initiated with a determination that testified to the long-lasting survival of superstition and the ancient magic mentality.

Abstract FR:

Le propos de cette étude "Théâtre et magie dans la littérature dramatique du XVIIe siècle, est de montrer en quoi, comment et pourquoi le théâtre de ce siècle reflète les différentes formes d'irrationnel et d'éclairer un aspect souvent laissé dans l'ombre, peut-être en raison de l'image prédominante d'un classicisme français épris de raison, d'ordre et de clarté. La pensée pré-scientifique du premier XVIIe siècle reste en effet fortement tributaire de la magie savante de la Renaissance. Kepler et Galilée sont autant astrologues qu'astronomes et le passage d'une comète, sérieusement interprété comme un presage funeste encore en 1680, répand la terreur parmi la population. La médecine est encore astrophile et marquée par la théorie des signatures de Paracelse. Les esprits les plus ouverts demeurent fascinés par le merveilleux que l'emblématique entretient et renouvelle. La mystique royale prend, avec Louis XIV, une dimension magique magnifiée par l'emblème solaire. La peur du diable et de la femme se concrétisent par une chasse aux sorcières jusqu'après 1650, à travers les affaires de possession de Loudun, Louviers, Aix etc. . . L'Affaire des Poisons est aussi, en 1679, une résurgence des sortilèges et des messes noires. La première partie prend en compte cette réalité de la magie. La représentation de la mentalité magique est différente selon les genres. Les genres sérieux tels que la tragédie, la tragédie en musique et, dans une moindre mesure, la tragi-comédie abordés en deuxième partie, révèlent, à la fois voilée et sublimée par le mythe, la fascination constante du XVIIe siècle pour le merveilleux magique. Les jardins d'Armide sont desormais l'image du rêve d'amour comme la destruction du palais enchanté est l'image de son impossibilité. La magie sur le mode comique, qui fait l'objet de la troisième partie, reflète plus directement les realités de la magie et de son avatar, la sorcellerie. Le thème atteint une grande variété de registres dans la production antérieure à Molière, la pastorale, la tragi-comédie et la comédie. Les motifs baroques de l'illusion, du miroir, de la métamorphose du moi et du monde, de la morte-vive, inspirent parfois une haute poésie tandis que les motifs du diable, de la sorcière et du satyre jouent sur le clavier très étendu du rire. A partir de Molière, la comedie amplifie la dénonciation de l'imposture amorcée précédemment avec un acharnement qui témoigne de la survivance tenace de la superstition et de l'antique mentalité magique, d'autant plus pernicieuses qu'elles prennent, avec les médecins de Molière, une apparence pédante. Cette reconstitution des formes de la représentation de la magie engage à une réflexion sur leur signification. La fonction mimétique du théâtre s'accompagne d'une catharsis soit par l'illusion et le rêve à travers la féérie des tragédies en musique et des pièces à machines qui mobilisent toutes les ressources du théâtre-illusion, soit par le rire appuyé lui aussi par les artifices de la scène comme dans "Les amants magnifiques" de Molière ou "La devineresse ou Les faux enchantements" de Thomas Corneille et Donneau de Visé. La magie, déjà théâtrale par ses officiants, leur allure et leur costume, par la mise en scène de ses rituels, la force de la parole magique lors des évocations, et autres aspects, entraîne certaines caractéristiques dramatiques et esthétiques qui sont définies en dernière partie. Tous les traits de la poésie et de l'art baroques s'y retrouvent, avec leurs beautés et leurs faiblesses. La permanence de ce thème et la splendeur qu'il a revêtue dans les tragédies en musique, montrent que la France a connu une tentation baroque dont la figure ostentatoire du Roi-Soleil offre un bel exemple.