André Malraux, lecteur de Nietzsche et de Dostoi͏̈evski
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"Nombre de critiques ont souligné le rôle capital joué par Nietzsche et Dostoi͏̈evski dans la formation d'André Malraux. Le sujet est vaste et complexe. Car, outre la dette contractée par Malraux vis-à-vis de chacun de ses deux illustres prédécesseurs, il faut tenir compte de l'interpénétration, à plusieurs endroits de son oeuvre, de leur influence. Comme il faut par ailleurs tenir compte du discours critique de quelques intermédiaires qui ont contribué à déterminer, chacun à sa manière, la forme de l'accueil qu'il a réservée à Nietzsche et à Dostoi͏̈evski. Deux thèmes importants, qui ne sont pas sans lien avec ses propres obsessions intellectuelles, dominent le rapport qu'il prétend établir entre eux-et avec eux : l'irrationnel, le tragique. Chez le philosophe de l'éternel retour, Malraux cherche fréquemment à nous persuader qu'il admire moins le prédicateur que l'écrivain Nietzsche. De même, il donne à entendre qu'il n'approuve la "prédication" "pathétique" du romancier russe que dans la mesure où elle se mue en oeuvre d'art. Mais il est tout à fait imprudent de prendre de telles déclarations au pied de la lettre, si l'on veut établir sur des données cohérentes les rapports qu'il entretient avec les deux écrivains. Bien souvent, quand il commente le création littéraire de Dostoi͏̈evski, Malraux lui applique une approche qui doit beaucoup aux considérations esthétiques de Nietzsche. La démarche inverse est tout aussi valable. Rien n'est plus illustratif à ce propos que son recours, dans La Condition humaine, à l'explication métaphysique de Kirilov, figure centrale des Possédés, pour définir le concept nietzchéen de la volonté de puissance. Ainsi, si l'héritage intellectuel du philosophe permet d'éclairer l'art du romancier, il en va de même de l'action qu'exercent les idées de celui-ci sur Malraux : elle permet de déterminer le type d'approche qu'il applique à la pensée nietzschéenne. Il convient de souligner encore que la meilleure façon d'interroger peut-être l'agnosticisme malrucien, ce serait de le situer entre ces deux courants d'influence. Lire avec Malraux, Nietzsche et Dostoi͏̈evski, c'est aussi se mettre à l'écoute d'un dialogue fait à la fois de rencontres et de ruptures, d'un dialogue à demi-mots ou riche en suggestions, un dialogue à travers lequel on voit se confirmer, à mesure que les données de son héritage se métamorphosent, la personnalité de l'écrivain français et l'originalité de son oeuvre"